PIE II
PIE II, ENEA SILVIO PICCOLOMINI (1405-1464) pape (1458-1464)
Né à Corsignano près de Sienne, Aeneas Sylvius Piccolomini fait des études de droit pour obéir à son père, mais se passionne pour les arts et la littérature antiques, au point de devenir l’un des meilleurs latinistes de son époque. En 1432, il accompagne l’évêque de Fermo au concile de Bâle, où il est secrétaire de divers prélats. Chargé de nombreuses missions, entre autres auprès de l’empereur Frédéric III, il voyage à travers l’Europe et joue un rôle en vue dans l’assemblée des évêques, où il agit pour la limitation des pouvoirs du pape. Son Libellus dialogorum de Concilii auctoritate (1440) fait de lui un des tenants des théories conciliaires. Cette première partie de sa vie le montre sous les traits d’un mondain épicurien, auteur de poésies érotiques, de comédies très libres et d’un roman d’amour profane, L’Histoire de deux amants (1444). L’échec du concile de Bâle, la crise de l’Église déterminent en lui un changement profond et le désir de se consacrer au service de Dieu. Il confesse ses erreurs et va, désormais, œuvrer au renforcement de l’autorité du Saint-Siège. En 1446, il reçoit les premiers ordres; évêque de Trieste, il continue son action diplomatique en réconciliant Frédéric III — dont il négocie le mariage avec Élisabeth de Portugal — et la papauté. Cardinal en 1456, conseiller de Calixte III, il est élu pape, le 19 août 1458, par la majorité italienne du conclave, contre le Français Robert d’Estouteville, et prend le nom de Pie II.
Son avènement soulève l’enthousiasme des Italiens et des humanistes, mais son règne de six années sera, en fait, décevant. Mêlant l’ardeur religieuse et le désir de gloire à une certaine ingénuité et à un manque de réalisme, il va se montrer davantage un homme du Moyen Âge qu’un novateur. Dans le gouvernement de l’Église, mécène fastueux, non exempt de népotisme, il tente de restaurer la suprématie du Saint-Siège et condamne inlassablement les appels aux conciles. Il mène une longue lutte contre les doctrines antipontificales et l’hérésie utraquiste, et il s’efforce d’amener Charles VIII à abroger la pragmatique sanction de Bourges, édictée en 1438 pour limiter le pouvoir spirituel du souverain pontife sur l’Église de France. La grande idée de son règne sera la croisade. En 1453 déjà, il avait exhorté le pape et les rois à défendre Constantinople contre les Turcs. Dès son élévation au trône de Saint-Pierre, il renouvelle son appel et réunit les représentants des princes au congrès de Mantoue (1459-1460), pour préparer l’action contre les infidèles. Mais sa vision politique est peu claire et les rivalités entre les États font échouer le projet. Pie II décide alors d’agir pour son propre compte. En 1463, il proclame la guerre sainte par une bulle et se rend à Ancône pour s’embarquer à la tête d’une flotte équipée aux frais du Saint-Siège. Mais il tombe malade d’épuisement et meurt, le 15 août 1464. Il a laissé une œuvre extrêmement abondante, en plus de ses écrits profanes: une vaste correspondance, des histoires de la Bohême et de Frédéric III, des dissertations sur la géographie et l’éducation, des Commentaires autobiographiques. On a pu dire de lui, à juste titre, qu’il n’avait pas adapté le pontificat aux exigences de la conscience et de la culture dont il était l’un des plus éminents représentants, mais qu’il s’était servi de l’humanisme pour donner un éclat et une justification à une politique personnelle, d’inspiration conservatrice. La Réforme, un peu plus tard, allait sanctionner cette occasion manquée d’une rénovation de l’Église.
Encyclopédie Universelle. 2012.