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PENTATEUQUE
PENTATEUQUE

PENTATEUQUE

Première grande section de la Bible juive selon la division traditionnelle de l’Ancien Testament (Loi, Prophètes et Écrits), le Pentateuque est aussi appelé «livre de Moïse» (Néh., XIII, 1), «loi de Moïse (II Chron., XXIII, 18) ou simplement «loi» (Néh., VIII, 2) et même «Moïse» (dans l’expression: «Moïse et les Prophètes», Luc, XXIV, 27). À partir d’Esdras, cette collection en cinq livres — Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome — fut officiellement reconnue par les juifs comme leur code sacré. Dans les milieux de langue grecque on l’appela hê pentateuchos (biblos) , titre homologué par la tradition chrétienne; les juifs hébraïsants la dénommaient aussi «les cinq cinquièmes de la Loi».

La tradition juive — connue tardivement par les textes talmudiques, mais auparavant grâce à Josèphe, à Philon et au Nouveau Testament — a vu dans le Pentateuque une œuvre unifiée, attribuée à Moïse. Il s’agit d’une vaste fresque historique, s’étendant des origines du monde à la mort de Moïse. Dans l’intervalle, l’humanité se différencie et la scène se restreint à une seule lignée, d’où sort le peuple élu. Les aventures de ce dernier sont seules retenues par la suite, depuis le séjour en Égypte jusqu’à l’entrée dans la Terre promise. Cette chaîne de récits sert de cadre à une masse imposante de dispositions légales: commandant la vie entière des Israélites, elles ont valu à l’ensemble le nom de Loi. Néanmoins, l’unité littéraire et l’unité de pensée du Pentateuque furent assez vite mises en cause. Après quelques précurseurs, au XIIe puis au XVIe siècle, Richard Simon (1678) et le médecin de Louis XV, Jean Astruc (1753), révélèrent son aspect composite en même temps que le caractère postmosaïque de certains de ses éléments. Ayant remarqué que Dieu était appelé tantôt Élohim et tantôt Yahvé, Astruc, à partir de cet indice, distingua deux récits parallèles dans la Genèse et s’employa à les reconstituer. On étendit ensuite ce travail à la totalité des cinq livres. Dès la fin du XVIIIe siècle, on pouvait discerner deux documents, le code sacerdotal (P, de Priestercodex ) et l’élohiste (E), dans les textes qui adoptent Élohim comme nom divin. Vers 1850, on détacha le deutéronomiste (D), qui se trouve séparé du document yahviste (J). Quatre documents (J, E, D, P) étaient donc distingués et, partant, la théorie dite documentaire constituée. Après un siècle de travaux qui l’ont tantôt infléchie, tantôt précisée ou nuancée, elle conserve encore ses droits, y compris dans les milieux catholiques. Le Pentateuque apparaissait donc comme un enchevêtrement complexe de plusieurs grandes collections. Chacune d’elles était déjà une synthèse, un enchaînement de récits et de lois s’y intégrant selon des règles constantes. Diverses écoles se manifestèrent, simultanément ou successivement, entérinant plus ou moins la théorie documentaire. Ainsi s’est-on intéressé au rôle des cycles du culte et des sanctuaires dans la formation du Pentateuque; ou bien à l’influence d’un milieu déterminé ou d’une personnalité marquante; d’aucuns parlèrent de «traditions» plutôt que de «documents»; et l’on mit aussi l’accent sur l’importance préalable des traditions orales. D’autres ont émis l’hypothèse d’une base littéraire commune, prototype de J et E, ou même de J, E et P. Certains enfin (von Rad) ont vu dans l’Hexateuque (les cinq livres plus Josué) et non dans le Pentateuque la grande unité significative, immense déploiement théologico-narratif, cohérent malgré les six livres constitués qui le composent, d’un noyau cultuel, la «confession de foi historique» d’Israël, dont le Deutéronome (VI, 20-24; XXVI, 5-9) et Josué (XXIV, 2-13) nous ont conservé de bons échantillons.

Si, chez les juifs, le Pentateuque est lié à Moïse, le personnage d’Esdras lui est également attaché. Selon une croyance ancienne, les livres de la Loi auraient été détruits par l’incendie du Temple en 587. Après le retour d’exil, Esdras fut considéré dans certains lieux comme le nouveau médiateur qui, à l’instar de Moïse, reçut la Loi divine (T 拏rah) une nouvelle fois pour la transmettre à Israël.

Les Samaritains, qui rejetèrent les Prophètes et les autres écrits juifs, n’ont conservé que le Pentateuque comme texte sacré. Ils l’ont préservé jusqu’à nos jours dans son écriture archaïque, variante du vieil alphabet hébraïque.

Pour les juifs orthodoxes — à la différence de certains groupes plus ou moins dissidents, tels ceux de Qumr n, qui enseignaient l’égalité du Pentateuque et des Prophètes — la T 拏rah était le texte privilégié pour le culte, la prédication et l’étude. En vue de la lecture synagogale, on divisa le Pentateuque en sections: en Palestine, on lisait la Loi sur trois ans (les sections étaient des sedarim ); en Babylonie, on la lisait sur une année seulement (les sections, plus longues, étaient des parashyot ). Après la réforme liturgique du IIe concile du Vatican, l’Église romaine a remis à l’honneur le cycle triennal palestinien.

Pentateuque
nom grec donné aux cinq premiers livres de la Bible (la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome) dont les diverses rédactions, dites yahviste, élohiste, deutéronomiste et sacerdotale, s'échelonnent du Xe au VIe s. av. J.-C.

⇒PENTATEUQUE, subst. masc.
A. —[Avec une majuscule] Le Pentateuque. Ensemble des cinq premiers livres de la Bible (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome). Dans le Pentateuque, les attentats contre les moeurs occupent une place considérable. Une multitude d'actes sont traités comme des crimes que notre législation ne réprime plus (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p.130).
B. —[Avec une minuscule] MÉD., CHIR., vx. Pentateuque chirurgical. Division des maladies externes en cinq classes (plaies, ulcères, tumeurs, luxations et fractures). (Dict.XIXes.).
Prononc. et Orth.:[]. FÉR. 1768, FÉR. Crit. t.3 1787: ,,en n'a pas le son d'an``; LAND. 1834, BESCH. 1845 [-]; GATTEL 1841, NOD. 1844 [-]; LITTRÉ [-] ,,quelques-uns disent []``; BARBEAU-RODHE 1930, WARN. 1968, Pt ROB. [-]. V. penta-. Att. ds Ac. 1762-1878. Étymol. et Hist.1. Ca 1430 «ensemble des cinq premiers livres de la Bible» Penthateucon (A. CHARTIER, Livre de l'espérance, éd. Fr. Rouy, p.27); 1634 Pentateuque (PEIRESC, Lettres aux frères Dupuy, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t.3, p.29); 2. 1814 méd. (NYSTEN). Empr. au gr., de même sens que le fr., comp.de - (v. penta-) et de «livre», prob. par l'intermédiaire du lat. eccl. Pentatheucum. Fréq. abs. littér.:35.

pentateuque [pɛ̃tatøk] n. m.
ÉTYM. 1690; pentateucon, XVe; grec pentateukhos, même sens, de pente « cinq », et teukhos « instrument », d'où, au fig., « livre ».
Didact. Ensemble des cinq premiers livres de la Bible (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome).
0 Le canon biblique, tel que l'Église catholique l'a défini en 1546 au concile de Trente, comprend quarante-cinq livres pour l'Ancien Testament. Les cinq premiers forment le Pentateuque, les cinq fondements de la Loi : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome (…)
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, p. 310.

Encyclopédie Universelle. 2012.