⇒LINGER, -ÈRE, subst.
I. — Substantif
A. — Personne (le plus souvent une femme) chargée de la confection ou de la vente du linge. Synon. usuels partiels bonnetier, chemisier.
— Au masc., vx, rare. Des boutiques brillantes de marchandises de modes, de bijoutiers, de confiseurs et de lingers (NERVAL, Voy. Orient, t. 3, 1851, p. 21).
♦ En appos. Marchand linger. (Dict. XIXe et XXe s.).
— Au fém. Douze chemises de batiste dont l'extrême finesse donnait moins l'idée d'un tissu que d'un nuage de lin : l'art des plus habiles lingères s'était épuisé à en rassembler les parties, à en broder les contours (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 160).
♦ En appos. Il n'y a pas de maîtresse lingère ou autre qui ne recommande à ses filles de boutique de parler au monde poliment (MUSSET, Mimi Pinson, 1845, p. 218).
B. — Personne chargée du soin de la lingerie dans une grande maison ou de l'entretien du linge dans un hôpital. Le Ritz s'efforce d'être un hôtel (...) qui se suffit à lui-même, qui a ses propres lingères en lingerie fine, ses blanchisseuses d'élite (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 211) :
• Mon personnel (...) se composait d'un cocher, un jardinier, un valet de chambre, une cuisinière et une lingère qui était en même temps une espèce de femme de charge.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1088.
— En appos.
♦ Au masc. Frère linger. (Dict. XIXe et XXe s). La maistrance de l'hôtel comprend évidemment les « maîtres d'hôtel », mais encore tout un petit état-major d'« intendants », « chefs des vivres », « chefs d'entrepont », « chefs de section », « chefs d'office », « chefs lingers » et « chefs cuisiniers » (M. BENOIST, F. PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 159).
♦ Au fém. Afin de donner un aspect farouche aux enfants qui représentaient les compagnons de Clovis, la sœur lingère avait relevé jusqu'aux genoux leurs pantalons blancs (FRANCE, Servien, 1882, p. 166).
II. — Subst. ou adj. fém. (Armoire) lingère. Armoire où est rangé le linge. Grand'mère avait eu la passion des grosses armoires paysannes, dites lingères (MAURIAC, Robe prétexte, 1914, p. 280).
REM. Lingier, -ière, subst., rare, vx. Personne qui travaille à la confection du linge. Gourier parvint à syndiquer toutes les industries du vêtement, les tailleurs, les chapeliers, les bonnetiers, les lingiers, les merciers (ZOLA, Travail, t. 2, 1901, p. 67).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-]. Ac. 1694, 1718 linger, -ere, dep. 1740 linger, -ère. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1292 masc. lingier « celui qui confectionne, vend du linge » (Taille de Paris pour l'année 1292 ds H. J. GÉRAUD, Paris sous Philippe le Bel, 1837, p. 37 : Jehan le lingier); id. fém. lingiere (ibid., p. 38 : Dame Ylaire la lingiere ); fin XIIIe s. [ms. Bibl. nat. 12483, XIVe s.] (Dit des paintres, éd. A. JUBINAL, Nouv. recueil de fabliaux, t. 2, p. 100); 2. 1680 « personne chargée du soin du linge dans une communauté » (RICH.). B. Adj. 1. 1302 fames lingieres (Ordonnance du prévôt de Paris ds E. BOILEAU, Métiers, éd. G.B. Depping, p. 411); 2. 1690 marchands lingers (FUR.). Dér. de linge; suff. -ier réduit à -er après la palatale. Fréq. abs. littér. : 114.
linger, ère [lɛ̃ʒe, ɛʀ] n.
ÉTYM. 1292, aussi lingier, et lingiere; de linge.
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1 Vx. Personne qui confectionne et vend du linge (2.). — On dit plutôt confectionneur en lingerie. ⇒ Bonnetier (ière), chemisier (ière). — En appos. || Marchand linger.
2 Rare au masc. Ouvrier, ouvrière en lingerie (au fém. ⇒ Lingère).
♦ Appos. ou adj. Relig. || Frère linger, dans un couvent. || Sœur lingère, faisant office de lingère. ⇒ Lingère.
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II Adj. fém. Anciennt. || Armoire lingère, où l'on range le linge.
Encyclopédie Universelle. 2012.