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ATHLÉTISME
ATHLÉTISME

ATHLÉTISME

L’inscription dans le marbre du nom de Koroebos, vainqueur à Olympie en \ATHLÉTISME 776 de la course du «stade» (192,27 m) fut longtemps considérée comme la seule pouvant constituer le point de départ «solide» de toute chronologie sportive du monde méditerranéen. Nul instinct n’a été plus naturel à l’homme que celui de l’affrontement pour savoir qui court «le plus vite», saute «le plus haut», lance «le plus loin», et nous retrouvons ici plusieurs des éléments de la devise du père Didon choisie par Pierre de Coubertin pour être, deux millénaires plus tard, celle de l’olympisme. Mais comment définir et retracer en quelques lignes l’histoire et les traits essentiels d’une pratique sportive fondamentale et parfaitement composite, puisque constituée de multiples disciplines: les courses (vitesse, individuelle ou en relais; demi-fond; fond); les sauts (longueur, triple saut, hauteur et perche); les lancers (disque, javelot, poids, marteau)?

Les plus grands athlètes furent-ils ceux qui cherchaient à l’emporter sur leurs rivaux, ou bien les pourfendeurs de record démontrant l’amélioration constante non point tant des possibilités humaines que de leurs adjuvants techniques et psychiques? La réponse n’est pas évidente, l’idéal ne se trouvant rejoint que lorsque le champion s’avère également le meilleur dans la lutte contre le temps et l’espace.

Les grands sprinters furent: Charles Paddock (10,4 s au 100 mètres en 1921), Jesse Owens (10,2 s en 1936), Armin Hary (10 s en 1962), Bob Hayes, Jim Hines (9,95 s en 1968 à Mexico), Carl Lewis (9,92 s en 1988 à Séoul), qui battra en 1991 son propre record avec 9,86 s; les champions du sprint long: Lon Myers (48,8 s au quart de mile en 1881), Maxey Long (47 s en 1900), Lee Evans (43,86 s au 400 m en 1968); les champions du demi-fond: l’Allemand Rudolf Harbig (1 min 46,6 s au 800 mètres en 1939), le Néo-Zélandais Peter Snell (1 min 44,3 s en 1962), le Cubain Alberto Juantorena (1 min 43,4 s en 1977), le Britannique Sebastian Coe (1 min 41,73 s, en 1981); les Britanniques Walter George (4 min 12,75 s au mile en 1886) et Roger Bannister (3 min 59,4 s en 1954 à Oxford), le Français Jules Ladoumègue (3 min 49,2 s au 1 500 mètres en 1930), l’Australien Herb Elliott (3 min 35,6 s en 1960), l’Américain Jim Ryun, Sebastian Coe encore et Steve Ovett, Saïd Aouita du Maroc et Steve Cram (3 min 29,67 s en 1985), l’Algérien Noureddine Morceli (3 min 44,39 s au mile en 1993, 3 min 27,37 s au 1 500 mètres en 1995). Les as des distances élevées: Jean Bouin, Paavo Nurmi l’impénétrable Finlandais (19,210 km dans l’heure en 1928), Emil Zatopek (20,052 km en 1951), tous deux presque imbattables sur 5 et 10 kilomètres; Vladimir Kuts, Ron Clarke, et les coureurs d’Afrique, Kenyans et Éthiopiens, auxquels le marathonien Bikila Abebe montra le chemin par ses victoires olympiques de Rome en 1960 et de T 拏ky 拏 en 1964.

Pour le saut, il faut distinguer les noms prestigieux du Soviétique Valeri Brumel (2,28 m au saut en hauteur en 1963) et du Cubain Javier Sotomayor (2,45 m en 1993), de Bob Beamon (8,90 m en longueur aux Jeux de Mexico de 1968, en altitude donc), de Carl Lewis à nouveau (8,72 m en longueur aux jeux Olympiques de 1988 à Séoul), Cornelius Warmerdam (4,77 m en 1942, avec perche en bambou) et Sergueï Bubka (6 m en 1985, 6,14 m en 1994), du Britannique Jonathan Edwards (18,29 m au triple saut en 1995). De même que ceux du lanceur de poids Parry O’Brien, inventeur d’un nouveau style; du discobole Al Oerter, quatre fois vainqueur olympique (de Melbourne en 1956 à Mexico en 1968); du lanceur de javelot Matti Jarvinen (1936: 77,23 m), les performances d’Uwe Hohn (R.D.A., 104,80 m en 1984) ayant entraîné la révision des normes techniques de l’engin.

Tout a évolué: les durées de l’entraînement, les matériaux des pistes et les tenues. Mais l’intense émotion sur la ligne de départ, le feu dans les poumons, le «cassé» désespéré des foulées ultimes sont demeurés les mêmes. Que l’on soit un surhomme du décathlon, tels Jim Thorpe (1912), Daley Thompson ou Dan O’Brien; que l’on domine pendant une décennie sa spécialité, tel Edwin Moses sur 400 mètres haies (122 victoires consécutives de septembre 1977 à juin 1987), les dons, le travail et la volonté conjugués font de ces êtres des modèles athlétiques.

Longtemps tenu pour le bastion des thuriféraires de l’amateurisme intégral, l’athlétisme s’est trouvé emporté à son tour par l’évolution des mœurs. Le calendrier proposé est aujourd’hui foisonnant. Les jeux Olympiques, rendez-vous quadriennal majeur depuis 1896, ne suffisent plus. Les premiers championnats du monde ont eu lieu en 1983 à Helsinki; les rendez-vous européens ou planétaires se multiplient, en plein air ou en salle. Les réunions internationales et les contrats publicitaires ont ouvert pour les meilleurs le robinet de véritables pactoles.

Les compétitions féminines et notamment le «barbare» 800 mètres des jeux Olympiques d’Amsterdam (1928) firent scandale. Qui aurait pensé que l’Est-Allemande Rosemarie Ackermann franchirait en 1977 une barre placée à 2 mètres? que la Polonaise Irina Szewinska-Kirsenstein (en 1976 à Montréal) puis Marita Koch (R.D.A.) pulvériseraient les 50 secondes au 400 mètres? qu’à la suite de la Norvégienne Grete Waitz l’Américaine Joan Benoit approcherait les 2 heures 20 minutes sur les légendaires 42,195 km du marathon? Florence Griffith-Jonyer (10,49 s en 1988) aurait sans doute précédé Koroebos de plusieurs foulées, mais cette affirmation n’a guère de sens...

athlétisme [ atletism ] n. m.
• 1855; de athlète
Ensemble des exercices physiques individuels auxquels se livrent les athlètes : course, lancer (du disque, du poids, du javelot), saut. décathlon, heptathlon, pentathlon, triathlon; marathon. Championnat d'athlétisme. Épreuve d'athlétisme. Faire de l'athlétisme.

athlétisme nom masculin Ensemble des épreuves sportives codifiées comprenant des courses à pied, des sauts et des lancers.

athlétisme
n. m. Ensemble des exercices physiques qui forment aujourd'hui l'un des sports individuels de compétition officiellement reconnus (lancers, courses, sauts). Les épreuves d'athlétisme des jeux de la Francophonie.

⇒ATHLÉTISME, subst. masc.
A.— SPORTS
1. ANTIQ. Art, exercices de l'athlète :
1. L'art grec a coïncidé avec les débuts de la géométrie et avec l'athlétisme, l'art du moyen âge avec l'artisanat, l'art de la renaissance avec les débuts de la mécanique, etc...
S. WEIL, La Pesanteur et la grâce, 1943, p. 152.
2. Mod. Activité de l'athlète; ensemble des exercices ou épreuves athlétiques, généralement relatifs à un sport individuel. Terrains d'athlétisme :
2. Contre l'opinion de la plupart des sportifs, et de la plupart des profanes (car il est curieux de voir comme la femme est injustement et cruellement moquée, en tant que sportive, par ceux mêmes qui surfont au delà de toute raison son rôle social), je maintiens que l'athlétisme féminin — course, sauts, lancers — peut donner des joies de haute qualité, aussi bien sportives qu'esthétiques. Sans doute, la médiocrité sportive est plus difficile à soutenir pour une femme que pour un homme. Mais il y a, dans presque toute réunion d'athlétisme féminin, une poignée de femmes qui offrent un spectacle accompli, et de qui les exécutions n'ont pas, du point de vue technique, moins d'intérêt que celle des hommes.
MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, p. 278.
3. Si on veut fortifier, non seulement les muscles, mais aussi les appareils chargés de la nutrition de ces muscles, et ceux qui permettent l'effort prolongé de tout le corps, des exercices plus variés que les sports classiques sont nécessaires. Ces exercices sont ceux que demandaient les besoins quotidiens de la vie primitive. L'athlétisme spécialisé, que l'on enseigne dans les universités, ne fait pas des hommes vraiment résistants.
CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 372.
B.— P. métaph., au fig., rare. [En parlant d'une pers.]
1. Domaine physique. Qualité de ce qui est athlétique, de ce qui rappelle l'athlète, son aspect, son activité :
4. La Princesse, tout en fatiguant le malade de ses soins, ne peut pas ne pas un peu lui reprocher d'être toujours sur le flanc, et le malade s'efforce de démontrer à la Princesse que ses bobos témoignent d'une grande force et presque d'un athlétisme de constitution.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1882, pp. 193-194.
Rem. 1re attest. supra; dér. de athlète, suff. -isme.
2. Domaine spirituel. Lutte (pour un idéal, etc.). Athlétisme de l'âme :
5. Ajoutons que ce style, affectant la spiritualité elle-même, devra sans doute comporter des caractères particuliers proprement spirituels, — par exemple une insistance sur la simplicité, sur la valeur des voies ordinaires, sur ce trait spécifique de la perfection chrétienne d'être la perfection non d'un athlétisme stoïcien de vertu, mais d'un amour entre deux personnes, la personne créée et la personne divine, (...) — caractères dont certains saints de l'âge contemporain semblent chargés de nous faire pressentir l'importance.
MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, p. 136.
PRONONC. :[].
STAT. — Fréq. abs. littér. :23.
BBG. — AMSLER 1971. — Lar. méd. 1970. — Méd. Biol. t. 1 1970.

athlétisme [atletism] n. m.
ÉTYM. 1855, in D. D. L.; de athlète.
1 Antiq. Technique de l'athlète (1.).
2 Cour. Ensemble des exercices physiques individuels auxquels se livrent les athlètes : course, marche et concours (sauts, lancers). || Championnat d'athlétisme. || Athlétisme féminin. || Piste, stade d'athlétisme. || Athlétisme en salle (anglic. indoor). || Épreuves combinées d'athlétisme ( Décathlon, pentathlon, triathlon). || Athlétisme lourd : l'haltérophilie.
1 (…) je maintiens que l'athlétisme féminin — course, sauts, lancers — peut donner des joies de haute qualité, aussi bien sportives qu'esthétiques. Sans doute, la médiocrité sportive est plus difficile à soutenir pour une femme que pour un homme. Mais il y a, dans presque toute réunion d'athlétisme féminin, une poignée de femmes qui offrent un spectacle accompli, et de qui les exécutions n'ont pas, du point de vue technique, moins d'intérêt que celles des hommes. Et cela, vrai pour la France, l'est bien plus encore pour d'autre pays.
Montherlant, les Olympiques, p. 85.
2 Je commence donc de nouveau à me lever et à faire quelques pas dans ma chambre, en me tenant aux barreaux du lit. C'est l'athlétisme au fond qui m'a perdu. D'avoir tant sauté et couru, boxé et lutté, dans ma jeunesse, et bien au-delà pour certaines spécialités, j'ai usé la machine avant l'heure. J'avais dépassé la quarantaine que je lançais la perche encore.
S. Beckett, Pour finir encore…, p. 32.
3 Fig. Vieilli. Qualité de ce qui est athlétique. || L'athlétisme de sa constitution.
4 Rare, littér. (emploi d'auteur). Pratique des vertus, des qualités morales (comparée à la constance dans l'effort physique de l'athlète). || « Un athlétisme stoïcien de vertu » (J. Maritain).

Encyclopédie Universelle. 2012.