⇒BORDAILLER, BORDAYER, verbe intrans.
MAR. Louvoyer à petits bords, c'est-à-dire virer de bord souvent, sans gagner au vent.
Rem. 1. Attesté dans Ac. 1835 qui signale ce verbe comme ,,vieillissant``, de même que la plupart des dict. du XIXe et du XXe siècle. 2. La lang. fam. connaît un subst. masc. bordailleur, « individu que l'ivresse fait bordailler, louvoyer ». Au deuxième matin le bordailleur rentrait sur ses jambes en pieds de banc de cabaret, louvoyant bord sur bord (T. CORBIÈRE, Les Amours jaunes, 1873, p. 192).
Prononc. et Orth. Seule transcr. du verbe sous la forme bordailler dans NOD. 1844 et LITTRÉ : bor-da-llé avec [] l mouillé à la finale. Dernière transcr. du verbe sous la forme bordayer dans NOD. 1844 : bor-dë-ié (ë = ouvert). Cette forme est également transcrite dans FÉR. 1768, GATTEL 1841 et BESCH. 1845 qui notent [e] fermé à la 2e syll. : bor-dé-yé (harmonisation vocalique) et par LAND. 1834 qui donne la prononc. : bor-dâ-ié. Alors que le reste des dict. fait suivre à la forme bordayer la règle gén. selon laquelle -ayer se prononce [-] (ou à la rigueur [-eje] quand entre en jeu l'harmonisation vocalique), ex. balayer, bégayer, débrayer, effrayer, essayer; LAND. 1834 la range au contraire avec les exceptions comme bayadère, batayole, brayère, brayette, fayol, fayot, jayet, papayer dans lesquelles -ay et -ayer se prononcent [aj] et [aje] (au sujet des prononc. [] et [aj] de -ay-, cf. BUBEN 1935, § 75, p. 81). Seule transcr. du verbe sous la forme bordeyer dans LITTRÉ et DG : bor-dè-yé. Ac. 1798 donne uniquement la forme bardayer (cf. aussi FÉR. 1768, LAND. 1834 et GATTEL 1841). Ac. 1835 admet bordailler ou bordayer en signalant : ,,Ces deux mots vieillissent, surtout le dernier.`` Cf. aussi BESCH. 1845 qui ajoute également : ,,ce mot est vieux``. Le verbe ne figure plus dans Ac. 1878 ni dans Ac. 1932. Lar. 19e, s.v. bordailler, signale : ,,on dit aussi bordeyer``, Nouv. Lar. ill. sous la même vedette : ,,on dit aussi bordeyer et bordayer``. LITTRÉ, s.v. bordailler, renvoie à bordeyer; cf. aussi GUÉRIN 1892 qui note, s.v. bordailler : ,,Mauvaise graphie pour bordeyer``. Lar. 20e (cf. aussi QUILLET 1965) admet bordailler ou bordeyer et ajoute que la dernière forme se conjugue comme grasseyer. La forme bordayer fait partie des verbes en -ayer qui peuvent ou non conserver l'y dans toute leur conjug., ,,mais la prononc. varie suivant qu'on garde l'y ou qu'on le change en i`` (je bordaye : -; ou je bordaie : -). La forme bordeyer fait partie des verbes en -eyer qui ,,conservent toujours l'y : je grasseye, je grasseyerai; le vent barbeye; le vétérinaire langueye le porc; je brasseye; cet enfant susseye`` (GREV. 1964, § 626; v. aussi, pour la conjug. des verbes en -ayer et -eyer, BESCH. Conjug. 1961, p. 33). Étymol. et Hist. 1484 bordoyant (GARCIE, Le Grant routier, Rouen, cité par R. Arveiller dans Fr mod., t. 25, p. 306); 1654 bordeyer (RETZ, IV, 329 dans LITTRÉ); 1683 bordayer (Guillet dans JAL1), considéré comme ,,vieillissant`` dep. Ac. 1835. Dér. de bord étymol. A; suff. -oyer, évincé en cette acception par les formes collatérales -eyer, -ayer (NYROP t. 3, p. 449), cette dernière ultérieurement altérée en -ailler; v. aussi bordoyer.
ÉTYM. 1654, bordeyer; de bord.
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1 Mar. (vx). Virer souvent de bord sans gagner au vent.
2 Fam. Tirer des bordées, tituber.
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DÉR. Bordailleur.
Encyclopédie Universelle. 2012.