I.
⇒AUNAGE1, subst. masc.
A.— Action d'auner :
• 1. Il [Lheureux] n'envoya point l'étoffe, il l'apporta. Puis il revint pour l'aunage; il revint sous d'autres prétextes, tâchant chaque fois, de se rendre aimable, serviable, s'inféodant, comme eût dit Homais, et toujours glissant à Emma quelques conseils sur la procuration.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 2, 1857, p. 101.
Rem. P. ext., depuis l'introduction du mètre, mesurage d'une longueur avec une unité quelconque.
B.— Longueur d'une étoffe, nombre d'aunes que mesure une étoffe :
• 2. On remuait tous les ballots et l'on vérifiait l'aunage des pièces pour s'assurer de la valeur exacte du coupon restant.
BALZAC, La Maison du chat-qui-pelote, 1830, p. 28.
— Rare. Un aunage de + subst. Une certaine longueur de... :
• 3. C'était un beau garçon aux traits circassiens (...) Sa ceinture, faite d'un aunage de cachemire à bas prix, portait (...) un écritoire de cuivre d'un demi-pied de longueur.
NERVAL, Voyage en Orient, t. 2, 1851, p. 12.
C.— DR. FÉOD. ,,Droit de marque et d'étalonnage que payaient les marchands`` (LITTRÉ).
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe siècle.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1318 aunaige « droit de marque et de jalonnage payé par les marchands de toile » (Arch. Nord, B. 4026, f° 29 r° ds IGLF Litt. : Tous ceux qui vendent toile en la dite ville a jour de marché doivent de chascune pieche qu'il font auner mailge et ce est appellé l'aunaige) — 1474, Ordonnances des rois de France ds BARTZSCH 1937; 2. 1322 aunaige « action de mesurer en aunes » (Hist. de Metz, III, 351 ds GDF. Compl. : L'aunaige des drapz); 1866 (Lar. 19e : Aunage [...] par abus, depuis l'introduction du mètre, mesurage d'une longueur avec une unité quelconque).
BBG. — BALDINGER 1950, p. 35. — LEW. 1960, p. 97. — PIERREH. 1926.
II.
⇒AUNAGE2, AULNAGE, subst. masc.
• À l'eau déjà haute qui noyait la commune, hormis la pointe et quelques levées de terre en saillie çà et là, bientôt vinrent s'ajouter les eaux des lacs. Puis la fumée d'un premier paquebot empanacha les touffes de saules de l'Île des Barques. Comme impuissante à s'élever plus qu'à hauteur d'arbre, elle traîna longtemps à la tête des aulnages avant d'aller mourir parmi les vieux joncs.
G. GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, p. 183.
STAT. — Fréq. abs. littér. :3.
BBG. — BÉL. 1957. — Canada 1930. — DUL. 1968. — Forest. 1946. — PLAIS. 1969.
aunage [onaʒ] n. m.
ÉTYM. 1322, aunaige; « droit payé par les marchands de toile », 1318; de auner.
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1 Anciennt. Action de mesurer avec une aune.
1 Le marchand (…) a (…) un mauvais aunage pour en livrer (de sa marchandise) le moins qu'il se peut.
La Bruyère, les Caractères, VI, 43.
♦ Nombres d'aunes contenues dans une pièce d'étoffe (correspond au moderne métrage).
2 Mod. Action de mesurer (une pièce d'étoffe). || Faire l'aunage avec un mètre.
2 Il n'envoya point l'étoffe, il l'apporta. Puis il revint pour l'aunage; il revint sous d'autres prétextes, tâchant chaque fois de se rendre aimable, serviable, s'inféodant, comme eût dit Homais, et toujours glissant à Emma quelques conseils sur la procuration.
Flaubert, Mme Bovary, III, II.
♦ Longueur d'étoffe.
3 Que ces dames Barraud (…) vous disent bien ce qu'elles veulent : les couleurs, les petits et les grands dessins, les prix et l'aunage.
Laure Surville de Balzac, Lettres 1831-1837, 23 mai 1832, p. 18.
Encyclopédie Universelle. 2012.