I.
⇒AUBERT1, subst. masc.
Arg. des malfaiteurs. Argent, monnaie :
• Ça n'a jamais dépassé la somme de quatre à cinq thunes... Mais pour moi, en argent de poche, c'était du Pérou! ... Il aurait bien voulu savoir, le vieux crocodile, où je l'afurais mon petit pèze! ... Mon aubert mignon! ...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 468.
PRONONC. ET ORTH. — Cf. aubère. ROB. et Lar. encyclop. écrivent aubert. Nouv. Lar. ill. admet auber ou aubert.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1455 arg. aubert « argent » (Procès des Coquillards ds SAIN. Sources Arg. t. 1, p. 97 : Ilz appellent argent aubert, caille ou puille); 1790 auber (Le Rat du Châtelet, ibid., p. 339).
Remonte prob. au lat. albus « blanc » (FEW t. 1, p. 64; ESN. 1966) à cause de la couleur de l'argent (cf. arg. blanc « monnaie »). Le suff. est peut-être dû à un croisement plaisant avec haubert « cotte de mailles » (cf. a. fr. blanc haubert « haubert brillant » ds T.-L. t. 4, s.v. hauberc). Cependant l'hyp. d'un jeu de mots sur haubert par le biais de maille « petite monnaie ancienne » (SAIN. Sources arg. t. 1, p. 26 et P. Guiraud, Cah. Lexicol. t. 11, p. 46) n'est pas acceptable sémantiquement, aucun texte anc. ne présentant un tel rapprochement.
BBG. — ESN. 1966. — FRANCE 1907. — GOOSSE (A.). Le Pic. et le wallon, source du jargon des coquillards. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, n° 1, pp. 102-104. — GUIRAUD (P.). Le Jargon de la coquille. Cah. Lexicol. 1967, t. 11, n° 2, p. 46. — LARCH. 1880. — LA RUE 1954. — LE BRETON 1960. — MICHEL 1856. — MIGLIORINI (B.). Dal nome proprio al nome comune. Firenze, 1968 [1927], p. 308. — SANDRY-CARR. 1963.
II.
⇒AUBERT2 voir HAUBERT.
ÉTYM. 1455, Coquillards; auber, 1790; du lat. albus « blanc ».
❖
♦ Argot. Argent, monnaie.
1 Leurs bourses (de mes plaideurs) étaient vides (…) plus d'aubert n'était en fouillouse (plus d'argent en poche).
Rabelais, le Tiers Livre, 41.
2 Il aurait pu faire du pognon, lui pourtant affreux pour l'auber, d'où son sobriquet, le sordide, un monstre à becter du rat, avare à peler un penny, il aurait fait commerce d'arêtes s'il avait eu quelque part preneur, mais du côté de la musique, il prenait si tellement son pied qu'il oubliait tous ses penchants (…)
Céline, Guignol's band, p. 185.
❖
HOM. Aubère, haubert; formes du v. obérer.
Encyclopédie Universelle. 2012.