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À pic

À pic verticalement, dans le vide : Rochers tombant à pic sur la mer.

⇒PIC3, subst. masc.; À PIC, loc. adv. et loc. adj. inv.; À-PIC, subst. masc. inv.
I.Subst. masc. Montagne dont le sommet, vu à distance, semble former une pointe. Le pic du Ténériffe. L'île ne gardait point son âpre aspect d'autrefois (...). Son pic neigeux s'était affaissé et il n'en subsistait plus qu'une colline (A. FRANCE, Île ping., 1908, p.75). Regardez cet hôtel qui brille là-haut, sur le pic, comme un diamant dans un écrin blanc... Et les couleurs sur la neige (MAUROIS, Climats, 1928, p.201):
1. ... je suis parti à midi pour aller tenter à cheval une excursion dans les montagnes. On m'avait beaucoup parlé du pic de Bergon, d'où l'on voit, comme si l'on était sur les lieux, la cascade de Gavarnie, le pic du Midi et jusqu'aux plaines d'Espagne, Saragosse, etc.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p.168.
P. méton. Le sommet lui-même. Pics enneigés des Alpes. Elle se trouvait en montagne avec un groupe de jeunes gens et faisait avec eux l'ascension de je ne sais plus quel pic de La Chartreuse (GREEN, Journal, 1948, p.137).
P. anal. Partie d'une courbe, d'un diagramme correspondant à un maximum. Dès 1964, les docteurs Alain Reinberg et Edwin Sidi démontraient que chez l'homme adulte sain existe un «pic», une réponse maximale à l'injection intradermique d'une quantité fixe d'histamine vers 23 heures, et un «creux» vers 11 heures du matin (Le Monde, 19 juill. 1978, p.11, col. 3).
II.Loc. À pic
A.Loc. adv.
1. Selon une pente proche de la verticale; en pente très raide. La rue (...), escarpée comme une échelle, ressemble, trait pour trait, à ces ruelles de Gênes qui tombent à pic dans la via Balbi (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.20). Les chemins qui ramenaient, un peu trop à pic à mon gré, vers Balbec (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.915):
2. Je venais de Fécamp en suivant la côte, la haute côte droite comme une muraille, avec ses saillies de rochers crayeux tombant à pic dans la mer. J'avais marché depuis le matin sur ce gazon ras, fin et souple comme un tapis, qui pousse au bord de l'abîme sous le vent salé du large.
MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Miss Harriet, 1883, p.863.
Couler à pic. V. couler2 A.
MAR. [À propos d'une ancre ou de sa chaîne] Dans une position verticale au cours de la remontée, au moment où l'ancre touche encore le fond (d'apr. GRUSS. 1978). —(...) Le brick appareille! —L'ancre est à pic!... s'écria Pencroff. —Oui, et elle dérape déjà (VERNE, Île myst., 1874, p.446).
2. Au fig., fam. Au moment opportun. Conseil qui arrive, qui tombe à pic. Rachel vous a tapé (...). Vous venez à pic pour la tirer d'une sale angoisse. C'est encore Alexandre, mon cochon de frère, qui a fait des dettes dans les colonies (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1127). Tu tombes à pic, Lucie (...). Tous les copains sont présents (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.181):
3. IRÈNE: (...) Mais ils ont l'air de t'avoir déguisé, mon pauvre amour!... GEORGET, vexé: Ça tombe à pic tes plaisanteries!
H. BATAILLE, Maman Colibri, 1904, III, 2, p.21.
B.Loc. adj. inv.
1. Dont la pente est proche de la verticale ou très raide. Côte, montagne à pic. Bâle (...) un air de Germanie du Moyen Âge, des rues à pic où il est impossible de monter deux de front (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1869, p.130). Une quinzaine de coupoles bordées au sud par la falaise à pic du Mokattam qui est l'extrémité de la chaîne arabique (BARRÈS, Cahiers, t.6, 1907, p.172):
4. Depuis cet endroit jusqu'au district d'Afareahitu (...), le pays n'est plus qu'une étroite bande de terrain, longue et sinueuse, resserrée entre la mer et les mornes à pic, —au flanc desquels sont accrochées d'impénétrables forêts.
LOTI, Mariage, 1882, p.237.
2. Région. (Canada). Irritable, de mauvaise humeur. Tu es bien à pic ce matin (Canada 1930).
C. Subst. masc. inv. À pic. Endroit très escarpé; versant d'une montagne, d'un terrain dont la pente est très forte. Après trois jours de recherche (...), on découvrait au bas d'un à-pic le corps d'Ulrich Gunther affreusement broyé (BARRÈS, Cahiers, t.10, 1913, p.91). La roche sableuse fait un à-pic d'une centaine de mètres (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p.92).
Prononc. et Orth. V. pic2. Étymol. et Hist.1. 1690 pic de Teneriffe (FUR.); 2. 1749 «cime d'une montagne faisant partie d'une chaîne» (BUFFON, Hist. nat., t.1, p.255); 2. a) ) 1611 coste à pic ou en pic (COTGR., cité comme mot norm.); 1740 (Ac.: cette montagne est coupée à pic, est à pic); ) 1868 sombrer à pic (VERNE, Enf. cap. Grant, t.3, p.39); b) 1846 tomber, arriver à pic (BESCH.). Surtout en usage dans les parlers méridionaux (ca 1350 d'apr. FEW t.8, 449b, aussi XIVes. ds RAYN.) ainsi qu'en esp. et port. où l'on a pico, pic est att. d'abord sous la forme esp. pico dans un texte fr. de 1674 (THÉVENOT, Suite du voyage de Levant, éd. 1674, p.354) et semble être empr. à l'esp. pico «id.» (att. dans des topon. à partir de la fin du XIes., v. COR.-PASC.), lui-même issu d'un préroman pikk, de formation analogue à celle des dér. de pikkare, v. piquer. V. FEW, loc. cit. Bbg. QUEM. DDL t.17, 27.

Encyclopédie Universelle. 2012.