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MUR OCCIDENTAL
MUR OCCIDENTAL

MUR OCCIDENTAL dit DES LAMENTATIONS

Section de la muraille supportant le Temple de Jérusalem dans sa partie ouest et demeurée intacte lors de la destruction de l’édifice en 70. C’est le lieu saint par excellence du judaïsme: selon la tradition juive, il se trouve dans la proximité immédiate du site du Saint des saints, où la Présence divine serait demeurée. Devant le Mur occidental (traduction de l’hébreu K 拏tel Ma‘arabi ), les juifs pleurent la ruine du Temple et l’exil d’Israël; de là vient l’appellation (chrétienne) de «Mur des lamentations».

Seule une partie du monument est accessible, sa longueur totale atteindrait 485 mètres (la plus grande partie est recouverte par des constructions). La portion qui émerge du Mur (car une autre portion est couverte par un exhaussement du sol adjacent) comprend vingt-quatre rangées de pierres énormes et atteint une hauteur de 18 mètres, dont 6 au-dessus du niveau de l’esplanade du Temple. Certaines des pierres atteignent 12 mètres de long sur 1 mètre de haut et pèsent plus de 100 tonnes. Avant juin 1967, l’espace était chichement mesuré devant le Mur (3,30 m environ) par des masures remontant au XIVe siècle. Actuellement, une large place accueille orants et pèlerins; une me ムi ルa («séparation») isole les hommes et les femmes qui prient auprès du mur; des pupitres sont installés pour la lecture de la Loi et les offices religieux se déroulent sous la surveillance de fonctionnaires du ministère des Cultes.

L’histoire du Mur occidental en tant que tel (c’est-à-dire après la destruction du Temple) se divise en quatre périodes inégales: de 70 à 1520, de 1520 au début du XIXe siècle, du XIXe siècle à 1947, depuis le 7 juin 1967. Entre 70 et 1520, les sources dont on dispose mentionnent la vénération par les juifs de ce mur, tenu pour indestructible selon le Midrash , parce que la Présence divine lui est associée. Pourtant, aucun lieu de culte ne fut établi par les juifs auprès du Mur durant cette période: l’accès même de Jérusalem, interdit aux juifs, leur était vendu à prix d’argent une fois l’an, pour l’anniversaire de la destruction du Temple (Comment. de saint Jérôme sur Sophonie, Patrologie latine , t. XXV, Paris, 1884). Après le VIIe siècle, la prohibition tombe en désuétude et les voyageurs signalent le pèlerinage juif au Mur: Benjamin de Tudèle, passant à Jérusalem vers 1173, écrit: «... le Mur occidental, c’est un des murs qui furent au Saints des saints, on l’appelle portique de la Miséricorde; tous les juifs viennent prier, devant le Mur, sur le parvis») (éd. M. N. Adler, Londres, 1907, en hébreu).

Vers 1520, à la suite de la conquête turque et surtout de l’immigration des juifs d’Espagne, le Mur devint un lieu de prières permanent pour les juifs, auxquels le sultan S lim Mur, aurait octroyé le droit de s’y assembler. Itinéraires juifs et chrétiens décrivent alors à l’envi les juifs en pleurs auprès du Mur.

Au début du XIXe siècle, avec l’accroissement de la population juive de Jérusalem, le Mur apparaît comme un thème de l’imagerie pieuse du judaïsme et comme un site archéologique: en 1838, Robinson y découvre les fondations de l’arche qui porte son nom. En dépit de maintes tentatives, les juifs n’obtiennent pas la possibilité de placer des bancs, des pupitres et des abris pour le culte, encore moins d’acquérir le quartier Mograbi pour le démolir. Après la déclaration Balfour (1917), les Arabes, conduits par le m fti de Jérusalem, s’efforcent de chasser les orants juifs du site, convertissant le lieu en voie de passage pour hommes et bêtes, détruisant les objets du culte, brutalisant les juifs en prière (particulièrement en août 1929). Une commission d’enquête établie par la Société des Nations en 1930 et comprenant un Néerlandais, un Suédois et un Suisse conclut à la propriété musulmane du Mur et reconnaît aux juifs le droit d’y prier et d’y placer un mobilier cultuel.

En décembre 1947, à la suite d’incidents sanglants, les juifs se voient interdire l’accès au Mur. Après l’occupation par la Transjordanie (devenu Jordanie) de la vieille ville de Jérusalem en 1948, les juifs, en dépit d’une clause des accords d’armistice, perdent toute possibilité de se rendre au Mur. Le 7 juin 1967, lors de la guerre de Six Jours, le site est enlevé par les parachutistes israéliens et le quartier Mograbi est détruit pour faire place à une vaste esplanade. Les pèlerinages et le culte reprennent alors, tandis qu’une intense activité archéologique se déploie dans la partie méridionale du Mur, révélant des constructions juives, romaines et byzantines, dégageant les portes dites de Hulda et les degrés qui menaient autrefois au Temple.

Encyclopédie Universelle. 2012.