MUNICH
MUNICH
Capitale du Land de Bavière, située sur l’Isar à 520 mètres d’altitude, Munich (en allemand München) a dépassé, depuis 1945, le cadre bavarois pour devenir une métropole européenne; son rythme d’accroissement est le double de celui des autres villes allemandes. À l’origine, Munich n’est qu’un modeste village fondé par des moines, d’où son nom (Mönch , moine). En 1158, le duc guelfe Henri le Lion fait jeter un pont sur l’Isar, donne à la cité le droit de tenir un marché et de battre monnaie; tel est le point de départ de l’importance économique de Munich. De 1253 à 1918, elle est la capitale des Wittelsbach, ducs, puis, à partir de 1806, rois de Bavière. Ceux-ci en font un des bastions du catholicisme allemand. Seule la guerre de Trente Ans interrompt leur activité de bâtisseurs, commencée en 1468 avec la Frauenkirche. Au XIXe siècle, Munich devient un très grand foyer de vie intellectuelle et artistique, grâce à la politique de mécénat des souverains: Louis Ier (1825-1848), qui fait de l’«Athènes de l’Isar» une ville d’art d’importance européenne (Glyptothèque et Pinacothèque par Klenze); Maximilien II, protecteur des sciences et de la poésie (cercle de Munich); Louis II, protecteur de Wagner.
À la fin du XIXe siècle, le développement du chemin de fer fait de Munich un des grands carrefours de l’Europe centrale; sa population s’accroît alors très rapidement: elle passe de 170 000 habitants en 1871 à 600 000 en 1910. Dans l’Allemagne unifiée, elle constitue l’un des bastions du particularisme. Le 7 novembre 1918, Kurt Eisner proclame la République de Bavière; la République des conseils est proclamée le 7 avril 1919: les corps francs mettent fin à l’expérience (1er-2 mai). En janvier 1920, le parti nazi y installe son siège, Hitler en expose le programme dans l’enceinte de la Hofbrauhaus; le putsch de la Brasserie s’y déroule le 9 novembre 1923. Après 1933, Munich se voit conférer le titre de Capitale du mouvement. Le Führer confie un vaste programme monumental à l’architecte L. Trost (palais de l’Art allemand, 1934-1937). Le 30 septembre 1938, on y signe les accords (Hitler, Chamberlain, Daladier, Mussolini) qui préludent au dépècement de la Tchécoslovaquie. C’est dans la Capitale du mouvement que prit naissance l’opposition la plus sérieuse au régime nazi (Hans et Sophie Scholl et le groupe Weisse Rose, hiver de 1942-1943).
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ville connaît une nouvelle expansion. Cette expansion est d’abord démographique. Avec 1,2 million d’habitants au début des années 1990, Munich est la troisième ville d’Allemagne. À partir de 1950, la ville a accueilli de nombreux immigrants. Les nouveaux Munichois ont été d’abord des réfugiés (environ 200 000 personnes) et des Bavarois, souvent cantonnés dans des emplois subalternes par leur origine rurale et leur manque de formation. Mais la construction du Mur de Berlin et l’industrialisation de la Bavière ont tari ces deux migrations.
L’industrialisation de Munich est un phénomène récent; l’essor des chemins de fer ne s’est pas accompagné de créations d’industries, la pauvreté de la région en matières premières et en énergie constituant un frein. Seules des industries liées à l’agriculture (distilleries, brasseries) existaient déjà à la fin du XVIIIe siècle. L’accumulation de capitaux commerciaux, quelques initiatives individuelles, la position stratégique de la ville, loin des régions de tension internationale, sont à l’origine des premières implantations industrielles: construction de locomotives, d’automobiles et d’avions (Bayerische Motoren-Werke A.G. ou B.M.W. a été d’abord, pendant la Première Guerre mondiale, une usine de moteurs d’avion). Mais le grand développement industriel de Munich se produit après 1945. Des branches industrielles de pointe, qui abandonnaient Berlin divisé et isolé, ont été attirées par Munich, ses universités et ses instituts de recherche. L’implantation de la gigantesque usine Siemens et des laboratoires de recherche de la firme a fait de la ville un des premiers centres de l’électronique et de la mécanique de précision de la république fédérale d’Allemagne. D’autres branches industrielles sont bien représentées: photographie, pharmacie, industries graphiques et alimentaires, textile et chaussure...
En outre, elle est incontestablement une métropole culturelle et commerciale. Parmi les premiers centres universitaires de la république fédérale d’Allemagne, elle regroupe deux universités (Maximilian Universität; Technische Hochschule), plusieurs instituts Max-Planck et compte le plus grand nombre de Prix Nobel des villes allemandes. L’équipement culturel de la ville est remarquable: nombreux musées, théâtres, de nombreuses maisons d’édition qui font de Munich un des centres de l’édition allemande, de nombreuses firmes cinématographiques... Ses foires expositions spécialisées (Bauma), ses congrès lui assurent un rôle commercial très important.
L’expansion de la ville a profondément modifié son visage. Le centre, un des rares en Allemagne à ne pas avoir souffert des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, s’est bien adapté à son nouveau rôle de centre d’une grande métropole: une vaste aire piétonnière y a été limitée, couvrant les monuments anciens, les services municipaux, les grands magasins, les grandes brasseries, etc.; des parkings immenses et des silos à voitures ont été aménagés. Le développement des quartiers périphériques est à la mesure de l’accroissement démographique: les vastes espaces plans du plateau bavarois permettent la construction de grands quartiers d’habitation de part et d’autre de la vallée de l’Isar, jusqu’à la lisière des forêts de résineux; les zones industrielles étendues, concentrées plutôt au nord de l’agglomération, sont aussi présentes dans le sud de celle-ci, avec les laboratoires centraux de Siemens à Obersendling et la construction aéronautique à Ottobrunn. Le village olympique des Jeux de 1972 est aujourd’hui un des quartiers neufs de la ville.
Avec le développement spatial de la ville, le problème des transports urbains s’est posé en termes de plus en plus aigus. Le réseau de chemin de fer électrique de banlieue croise celui du métro (U-Bahn), dont la construction a été entamée à l’occasion des jeux Olympiques.
Le déclin relatif de Berlin et le repli d’entreprises commerciales et industrielles ont servi Munich et ont donné un coup de fouet à l’économie de la ville; les conditions attractives de Munich (proximité des Alpes bavaroises, patrimoine culturel, climat intellectuel), tout ce qui fait le «plaisir de vivre» de cette ville, ont contribué, en attirant les cadres, à l’implantation de ces entreprises de haute technicité.
Munich
(en all. München) v. d'Allemagne, cap. de la Bavière, sur l'Isar; 1 274 720 hab.; 3e ville du pays. Grand centre culturel, commercial, financier et industriel.
— Archevêché. Université. Cath. du XVe s. Anc. hôtel de ville (XVe s.). Pinacothèque. Glyptothèque. Musée national bavarois.
— La ville fut le siège des jeux Olympiques de 1972 (assassinat de 11 athlètes israéliens par un commando de Septembre noir).
— Fondé v. 1158 par Henri le Lion sur un territoire occupé par des moines (München, en latin Monachium), Munich fut la résidence (1255) des ducs de Wittelsbach. En 1806, Maximilien IV de Wittelsbach devint roi (Maximilien Ier) et en fit sa capitale, que ses descendants (notam. Louis Ier) embellirent. Un premier soulèvement révolutionnaire s'y produisit (nov. 1918-mai 1919). En nov. 1923, Hitler tenta un putsch dans cette ville favorable au nazisme.
— Accords de Munich (29-30 sept. 1938) entre la Grande-Bretagne (Chamberlain), la France (Daladier), l'Allemagne (Hitler) et l'Italie (Mussolini): pour maintenir la paix, les démocraties encourageaient l'expansionnisme d'Hitler.
1. munich [mynik] n. f.
ÉTYM. XXe; de Munich, nom francisé de München, capitale de la Bavière.
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♦ Bière de Munich ou d'un type analogue (arôme assez puissant, teneur en alcool assez faible). || Un demi de Munich blonde, brune. || Une Munich (munich) pression ! — En apposition :
0 Je dîne à la « Coupole »; c'est plein de monde; Montparnasse est envahi de militaires… Je demande étourdiment un demi munich au garçon. Il rit : « Attendez qu'on ait passé la ligne Siegfried. »
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 417.
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2. munich [mynik] n. m.
ÉTYM. Après 1945; de Munich.
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Encyclopédie Universelle. 2012.