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MINOTAURE
MINOTAURE

MINOTAURE

Par Pasiphaé, sa mère, épouse de Minos, le Minotaure est petit-fils d’Hélios, et fils d’un taureau dont Poséïdon aurait fait présent au roi de Crète. Monstre à corps d’homme et à tête de taureau, son vrai nom est Astérios, ou Astérion. Effrayé et honteux devant cet être, fruit d’amours à la fois adultères et contre nature, Minos fit bâtir par Dédale un immense palais, si compliqué dans son plan que seul l’artiste y pouvait retrouver son chemin. Il y fit enfermer le monstre et ordonna que chaque année (ou tous les trois, ou tous les neuf ans) sept jeunes gens et sept jeunes filles d’Athènes lui fussent donnés en pâture; jusqu’au jour où Thésée, s’étant porté volontaire, réussit avec l’assistance d’Ariane (la fille de Minos et de Pasiphaé) à tuer l’animal et à sortir du Labyrinthe grâce au fil d’Ariane.

Cette légende est un souvenir de la civilisation minoenne, avec son culte du taureau et ses palais immenses, tels ceux que les fouilles d’Evans (1851-1941) ont remis au jour. Le Labyrinthe est en effet, étymologiquement, le «palais de la double hache», symbole que l’on retrouve partout sur les monuments crétois.

Dans une interprétation evhémériste, le Minotaure serait un nom pour un certain Tauros, un général de Minos, devenu quelque peu encombrant.

Minotaure
dans la myth. gr., monstre moitié homme, moitié taureau. Enfermé dans le Labyrinthe de Dédale, en Crète, il y fut tué par Thésée.

MINOTAURE, subst. masc.
A. —[P. réf. au Minotaure, animal fabuleux de la mythologie grecque, au corps d'homme et à tête de taureau, se nourrissant de chair humaine] Fléau (personne ou chose) qui détruit, qui dévore. Affronter, calmer le minotaure. Ce Beauclerc n'a-t-il pas eu l'impudence de se vanter (...) d'être le minotaure de la critique de théâtre et de percevoir d'exacts octrois de fornication sur les débutantes (BLOY, Désesp., 1886, p.280). Ce sont les néants comme Boulanger, ou les minotaures dévorateurs de millions de jeunes êtres comme l'Empereur, qui touchent le plus sûrement le coeur des foules, non les serviteurs de la patrie qui ne cherchent ni à plaire, ni à éblouir (MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p.157):
—. Si l'organisme vivant ne tombe pas en indifférence chimique avec le milieu ambiant, c'est parce que la force vitale crée incessamment de nouveaux organes et de nouveaux aliments à ce minotaure qu'on appelle la vie et qu'on devrait appeler la mort.
Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p.151.
B. — ,,Figure qui était placée sur certaines enseignes de l'armée romaine`` (LITTRÉ). Ils tenoient levés les signes militaires des cohortes, l'aigle, le dragon, le loup, le minotaure (CHATEAUBR., Martyrs, t.1, 1810, p.280).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. 1694. Étymol. et Hist. 1671 myth. (POMEY). Empr. au gr. (lat. Minotaurus, nom d'un monstre moitié homme, moitié taureau, fils de Minos et de Pasiphaé), comp. de , roi législateur de la Crète et «taureau»; cf. le m. fr. minotaur (2e moitié XVe s., CAUMONT, Voyage d'oultremer, p.42, La Grange ds GDF.). Fréq. abs. littér.: 23.

minotaure [minɔtɔʀ] n. m.
ÉTYM. 1690, Richelet; grec minotauros.
Animal fabuleux de la mythologie grecque. || Le Minotaure, monstre à tête de taureau et à corps humain qui habitait le labyrinthe (cit. 3) de Crète et se nourrissait de chair humaine, fut tué par Thésée.
1 Et la Crète fumant du sang du Minotaure.
Racine, Phèdre, I, 1.
Par métaphore et fig. Ce qui dévore avidement (→ Moloch).
2 (…) il serait curieux de voir comment l'auteur d'Eugénie Grandet et du Père Goriot a utilisé dans ses plus grands livres, après les avoir repris, remaniés et refondus, telle anecdote ou tel croquis, telle idée en germe, négligemment jetés en pâture au minotaure journalistique, à travers ces centaines d'articles.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 320.
DÉR. Minotauriser.

Encyclopédie Universelle. 2012.