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grincher

grincher verbe intransitif (variante normande de grincer) Familier. Se montrer grincheux, récriminer.

I.
⇒GRINCHER1, verbe trans.
Arg., vieilli. Voler. Il grinche les outils des autres et ceux du patron, ça ne fait pas un pli (POULOT, Sublime, 1872, p. 77) :
— Eh bien, voilà, reprit Mahurel. C'est moi qui ai trouvé, hier soir, la boucle d'oreille de Madame Armand... Oh! je ne l'ai pas « grinchée », ma parole!... Je l'ai ramassée par terre, dans la coulisse.
COPPÉE, Coupable, 1897, p. 216.
Emploi abs. Moi (...) je grinche en risquant ma peau (SUE, Myst. Paris, t. 6, 1843, p. 45). En somme, on dévalise un peuple au coin d'un bois. On détrousse, on dépouille, on grinche, on rafle, on pille (HUGO, Année terr., 1872, p. 111).
Prononc. : [], (il) grinche []. Étymol. et Hist. 1800 (P. LECLAIR, Hist. brig. et assass. Orgères, p. 139). Var. nasalisée d'un verbe remontant à l'a.b.frq. grîpjan « saisir, agripper », formation en -jan sur grîpan (v. gripper), et que l'on peut restituer d'apr. l'a.h.all. chripfen « dévaliser », m.h.all. kripfen, gripfen « saisir »; cf. aussi, dans les pat. fr., les formes agricher, agrichi « agripper », largement attestées dans le domaine d'oïl (FEW t. 16, p. 751a). Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 274.
II.
⇒GRINCHER2, verbe intrans.
[Correspond à grincheux] Fam. Manifester de la mauvaise humeur, se montrer grincheux, hargneux. Synon. bougonner, grommeler, grogner. L'office n'est pas gai. En plus de moi, il n'y a que deux domestiques, une cuisinière qui grinche tout le temps, un jardinier-cocher qui ne dit jamais un mot (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 34). Moore observait en grinchant : « Tissot a fait cela, ce fichu peintre! Mânet peignait à Argenteuil, restez chez vous, comme Dègas... » (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 219).
REM. Grincherie, grinche, subst. fém. Manifestation de mauvaise humeur, de hargne. Il paraît que les grincheries me sont uniquement réservées! (GYP, Éduc. prince, 1890, p. 189). Sauf Bigot, amoureux de la contradiction et de la grinche comme Brunetière, tous maudissaient le tour d'esprit qui pousse à plaindre le meurtrier, non la victime (L. DAUDET, Dev. douleur, 1931, p. 233).
Prononc. : [], (il) grinche []. Étymol. et Hist. 1896 (DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg.). Forme dial. de grincer (FEW t. 16, pp. 393b-394a), également attestée pour le sens propre : gryncher ses dents (1530, PALSGR., p. 501a). Cf. encore, pour le sens, gringe « de mauvaise humeur » (1784, Mme DE CHARRIÈRE ds BRUNOT t. 6, 2, pp. 1245-1246, note 6; PIERREH.) et grinche « revêche, acariâtre » (1840, Ac. Compl. 1842). Bbg. GREIMAS (A.). Rem. pour servir à l'hist. des mots [guinche, grimer, grincher...]. Fr. mod. 1956, t. 24, pp. 103-108.

1. grincher [gʀɛ̃ʃe] v. intr.
ÉTYM. 1896; var. dial. de grincer.
Régional et fam. Manifester de la mauvaise humeur. Grogner; grincheux.
0 (…) comme elle se démène (…) remplissant la maison de son corps efflanqué, furetant, grimpant, grinchant, grommelant, grognant, grondant (…)
R. Rolland, Colas Breugnon, I.
REM. L. Daudet emploie le déverbal grinche, n. f., et Gyp atteste grincherie, n. f. (in T. L. F.).
HOM. 2. Grincher, 3. grincher.
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2. grincher [gʀɛ̃ʃe] v. tr.
ÉTYM. 1800; var. grinchir, 1821; du francique grîpjan, de grîpan (→ Gripper).
Argot anc. Voler.
1 Aussi, maint'nant qu'on n'a pus du feu,
On n'se chauff' pus, on grinche un peu…
I' fait moins froid à la Nouvelle
Qu'à la Chapelle.
A. Bruant, Dans la rue, p. 183.
REM. La var. grinchir avait vieilli avant grincher :
2 — Ils ont été grinchir donc !…
— Et chez qui ?
— Chez qui… eh mais (…) chez ta mère… C'est eux qui ont rincé sa cambriole… Comme je te voyais boire avec eux, je pensais que tu le savais.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, éd. 1842, t. I, p. 182.
DÉR. 1. Grinche.
HOM. 1. Grincher, 3. grincher.
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3. grincher [gʀɛ̃ʃe] v. intr.
ÉTYM. 1803; orig. incert., rapport probable avec grigner.
Vx. Se dit d'un pain qui a une croûte trop fendue.
HOM. 1. Grincher, 2. grincher.

Encyclopédie Universelle. 2012.