LILLE
LILLE
Le site de Lille est favorisé par deux éléments naturels: c’est à la fois une tête de navigation fluviale et un passage routier. Le terme castellum inslense apparaît dès le XIe siècle; marchands et artisans s’installent. Le comte de Flandre aménage un forum, un château fortifié sur la rive gauche de la Deûle; le village de Fins s’établit sur la rive droite. Baudouin V, comte de Flandre, accorde une charte à la collégiale Saint-Pierre; Lille y est citée pour la première fois (1066).
Convoitée par les Français, défendue par ses comtes, Lille est prise par Philippe Auguste (1214), détruite après Bouvines, reconstruite par la comtesse Jeanne. Devenue importante cité de Flandre, elle est reprise par Philippe le Bel (1297) et participe à la révolte flamande contre les Français. De retour à la France (1312), elle retrouve sa prospérité. La brillante période «bourguignonne» commence pour la ville quand Charles V fait épouser la fille et héritière de Louis le Mâle, comte de Flandre, à son frère Philippe le Hardi, duc de Bourgogne (1369), restituant à la Flandre Lille, Douai, Orchies.
De 1374 à 1482 (mort de Marie de Bourgogne), Lille vécut une période prospère. Dès le XVe siècle, en effet, elle est membre de l’Association des villes drapières de Flandre, associée à la Hanse germanique. Les grands ducs d’Occident en firent leur résidence, Philippe le Bon fit bâtir le Palais-Rihour. Elle fut le théâtre de fêtes somptueuses: chapitre de la Toison d’or, vœu du Faisan. Les Lillois, fidèles à leurs princes, participent à toutes les campagnes de Charles le Téméraire. Lille, sous la domination de Charles Quint et de Philippe II, subit, malgré la paix de Senlis (1493), la guerre et les troubles religieux: révolte des iconoclastes, attaque des Hurlus (1585). Elle bénéficie de son loyalisme à l’égard de la maison d’Espagne (traité d’Arras, 1579) au temps des «archiducs», Albert et Isabelle; avec 40 000 habitants, elle agrandit son enceinte, travaille le lin et la laine, organise des corporations, enfin, en 1652, se dote d’une Bourse.
Louis XIV, lors de la guerre de Dévolution, conquiert la Flandre, assiège et occupe Lille (août 1667). Après la guerre de la Succession d’Espagne et l’occupation hollandaise en 1708, le traité d’Utrecht (1713) consacre l’appartenance de Lille, qui compte alors 45 000 habitants, au royaume de France. Lille devient le «Paris des Pays-Bas». Au XVIIIe siècle, sociétés savantes et loges maçonniques s’y développent, la presse apparaît avec les éditeurs André et Charles Panckoucke. La manufacture textile gagne le plat pays.
Assiégée par les Autrichiens en 1792, Lille leur oppose une héroïque résistance. Sous l’Empire, elle est chef-lieu de département (1804), et, grâce à la sage administration du préfet Dieudonné, elle tire profit de la culture de la betterave à sucre et de l’exploitation de la houille. Prospérité et développement se poursuivent sous la monarchie censitaire, comme en témoignent l’essor de la filature du lin, la construction du réseau ferré et la progression démographique; l’afflux des ruraux et l’industrialisation rapide ont pour rançon la construction des «courées», logements insalubres. Lille compte 75 000 habitants en 1848.
La ville annexe les quartiers de Wazemmes, de Moulins, d’Esquermes et de Fives en 1858; les percées rectilignes du nouvel urbanisme rompent les remparts de Vauban, et Lille totalise 218 000 habitants en 1911.
Bien que proclamée «ville ouverte» en 1914, elle est bombardée par les Allemands, puis reprise par les Français en 1918 (résistance des patriotes: Louise de Bettignies, Léon Trulin). Lors de la Seconde Guerre mondiale, Lille finit par succomber le 31 mai 1940, après trois jours de combat; elle subira des bombardements aériens jusqu’à la Libération, en septembre 1944.
Lille est devenue dès 1973 la ville de France le mieux équipée sur le plan autoroutier, puisque depuis cette date, quatre autoroutes la relient aux quatre points cardinaux: A25 vers Dunkerque, A1 vers Paris, A22 vers Anvers et Rotterdam, A27 vers la Wallonie et Cologne. Depuis 1993, Lille est à une heure de Paris par le T.G.V. Nord, et depuis mai 1994 à deux heures de Londres par le tunnel sous la Manche. La gare Lille-Europe d’interconnexion des T.G.V. reliant Lille à Paris, Bruxelles et Londres est installée au centre de Lille (à proximité de la gare traditionnelle Lille-Flandres), au sein d’un complexe regroupant activités commerciales et culturelles, Euralille.
La ville de Lille comptait, au recensement de 1990, 172 000 habitants, et l’agglomération lilloise atteint presque le million d’habitants. L’agglomération se développe dans le cadre d’une structure politico-administrative créée en 1966, la communauté urbaine, présidée depuis 1989 par le maire de Lille. En 1966 également était décidée la création d’une ville nouvelle à l’est de Lille, alors que l’agglomération comptait déjà trois villes importantes, Lille, Roubaix et Tourcoing (près de 100 000 habitants chacune en 1990). De la fusion de trois villages est née Villeneuve-d’Ascq (65 600 habitants en 1990). Depuis 1983, cette commune est reliée à Lille par le métro Val. Une deuxième ligne de métro dessert l’ouest de l’agglomération depuis 1989, portant le réseau à 25 kilomètres de lignes, avec plus d’une trentaine de stations (54 millions de passagers transportés en 1993). Lille possède également un aéroport (Lille-Lesquin) et un port fluvial.
La fonction tertiaire est importante dans l’agglomération lilloise (71,5 p. 100 des actifs). La ville même est un centre administratif et commercial (foires), culturel (universités, Opéra, Orchestre national de Lille, musée des Beaux-Arts restructuré au début des années 1990), financier (Bourse). Cependant, le tertiaire ne compense pas, au niveau de l’emploi, les difficultés de l’industrie (28 p. 100 des actifs): principalement biens de consommation (textile et habillement, à Lille le coton), brasserie, équipements mécaniques et électriques.
Célèbre par sa dentelle, ses manufactures de faïence et de porcelaine dès le XVIIIe siècle, Lille retrouve, grâce au T.G.V. Nord, qui la relie aux grandes villes nord-européennes, son rôle historique de grande métropole.
Lille
v. de France, ch.-l. du dép. du Nord et de la Rég. Nord-Pas-de-Calais, sur la Deûle; 178 301 hab. Aéroport (Lesquin). La métropole Lille-Roubaix-Tourcoing (1 million d'hab.) domine une région agricole et industrielle auj. frappée par la crise.
— Université. égl. St-Maurice (XIVe s., restaurée). Anc. Bourse (XVIIe s.). Musée.
— Ville drapière des Flandres, Lille fut prise en 1667 par Louis XIV. Les Hollandais la reprirent en 1708; le traité d'Utrecht la rendit à la France en 1713.
Encyclopédie Universelle. 2012.