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LIFE
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Premier produit journalistique d’une nouvelle époque — celle des picture magazines —, le magazine américain Life consacre le règne de l’image, qui commence à triompher dans les années 1930. Rédacteur en chef du Time , magazine d’information florissant, Henry R. Luce est frappé à cette époque par les extraordinaires possibilités que recèlent le cinéma et la photographie; en 1934, il ajoute à Time un supplément photographique sur l’assassinat à Marseille du roi Alexandre de Yougoslavie: le succès est immédiat; Luce en tire la conclusion qu’il est sans doute intéressant de lancer un journal consacré essentiellement aux reportages illustrés; ainsi naît Life , dont le premier numéro est mis en vente le 23 novembre 1936. Le tirage de départ est relativement modeste (466 000 exemplaires), et, par prudence, les tarifs des annonces publicitaires avaient été fixés, pour toute l’année à venir, sur la base de 250 000 exemplaires vendus. En quelques mois, le tirage dépasse le million d’exemplaires. Les progrès techniques que connaît l’imprimerie à cette époque favorisent l’entreprise, et Life , d’une présentation fort luxueuse, est vendu au prix modique de dix cents. En quelques années, il dépasse en réussite son aîné, Time , et contribue à transformer la société Time Incorporated: son tirage dépasse en 1938 deux millions d’exemplaires, et les bénéfices sont les plus importants parmi ceux des périodiques du monde entier; il passe à cinq millions en 1955, six en 1966, huit et demi en 1968; en octobre 1970, pour des raisons d’équilibre financier, les dirigeants du groupe décident de réduire le tirage à sept millions et d’augmenter le prix des abonnements. Malgré cela, l’accroissement des coûts de production et des tarifs postaux, les moindres recettes publicitaires contraignent la direction à suspendre la publication en décembre 1972; à cette date, le magazine comptait encore 5,5 millions d’abonnés. Un des principaux concurrents de Life , Look , avait déjà suspendu sa parution un an plus tôt, lui aussi pour les mêmes raisons, et du fait aussi de la concurrence de la télévision sur le terrain de l’image.

À son lancement, la présentation de Life révolutionne la presse traditionnelle: la photographie prime le texte, la partie rédigée étant secondaire et constituant un complément des illustrations, qui prennent la place essentielle. Les premières pages du magazine sont consacrées à l’actualité de la semaine, et la rédaction n’hésite pas à se procurer à n’importe quel prix les documents photographiques les plus spectaculaires; ainsi les photos de l’assassinat de J. F. Kennedy ont-elles été achetées 50 000 dollars, et celles du massacre de Song My 125 000 dollars à un ex-G.I. Après les événements marquants, Life présente, toujours en photos, diverses rubriques (histoire, art, science, etc.), qui sont souvent d’un assez haut niveau. Il avait d’ailleurs commencé sa carrière par un reportage qui provoqua un immense scandale aux États-Unis: la présentation des différentes phases de l’enfantement, depuis la fécondation jusqu’à la naissance d’un bébé. L’Amérique puritaine dénonça un tel acte de «pornographie», et Life fut interdit un temps dans de nombreux États. Par la suite, les campagnes menées par le magazine s’inscrivirent plus rarement dans un cadre progressiste; les prises de position conservatrices de Henry Luce influencèrent considérablement la physionomie du journal, qui, comme Time , fut fréquemment accusé de partialité. Favorable en 1941 à l’entrée en guerre des États-Unis, Luce fit de Life un instrument de mobilisation de l’opinion. Patriote, fier du rôle mondial joué par son pays, il prit nettement parti en faveur de l’intervention américaine au Vietnam. Life a absorbé en 1968 le Saturday Morning Post . Relancé en octobre 1978, il présente un contenu similaire, avec beaucoup de photo-reportages; mais son tirage reste modeste, en comparaison de ce qu’il fut.

Encyclopédie Universelle. 2012.