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LEVIER
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LEVIER

Si la théorie du levier n’est guère formulée avant Archimède (\LEVIER IIIe s.), l’instrument lui-même est en usage depuis des temps immémoriaux. Le chadouf mésopotamien représente l’une des anciennes applications du levier, datée avec certitude (IIIe millénaire). Sur un montant vertical pivote une perche horizontale, le bras le plus long retenant un contrepoids et l’autre, un seau pour puiser l’eau. La combinaison de leviers, de rondins et de câbles aura permis, partout, le déplacement des gros blocs de pierre utilisés dans l’architecture monumentale. Un bas-relief du palais de Sennachérib, à Ninive (\LEVIER VIIe s.), représente ainsi le transport des colosses (taureaux sculptés) qui ornaient les portes de la résidence royale. Un traîneau à bascule faisant levier est connu en Égypte: muni de patins semi-circulaires, le traîneau s’abaisse sous un bloc, le soulève et le prend en charge. Du pressoir égyptien (torsion du sac de vendange fixé à l’intérieur d’un bâti, \LEVIER 1500) à la balance romaine, le levier se retrouve dans une multitude de machines simples, universellement employées dans l’Antiquité.

levier [ ləvje ] n. m.
• 1160; de 1. lever
1Corps solide, mobile autour d'un point fixe (point d'appui), permettant de multiplier une force appliquée à une résistance. Les deux bras du levier. Bras de levier. Les leviers sont utilisés pour soulever les fardeaux. Se servir d'une barre de fer comme d'un levier. Loc. Faire levier. Faire levier avec une pelle, peser sur la pelle pour s'en servir comme d'un levier. — Phys. Levier du premier, du deuxième, du troisième genre, d'après la place du point d'appui.
Fig. Fin. Effet de levier : accroissement de la rentabilité des capitaux résultant d'un endettement (dont le taux d'intérêt est plus faible que celui de l'opération financée).
2Organe de commande (d'une machine, d'un mécanisme), utilisant le principe du levier ou en rappelant la forme. commande. Levier à main ( manette) , à pied ( pédale) . Leviers de commande d'un avion (cf. Manche à balai, palonnier). Levier de changement de vitesse (d'une voiture). « Rieux avait la main sur le levier de vitesse » (Camus) . Ch. de fer Levier directeur d'un aiguillage. Loc. Être aux leviers de commande : occuper un poste de direction, de contrôle (cf. Être à la barre).
3Fig. Ce qui sert à vaincre une résistance; moyen d'action. « La curiosité, le désir et l'amour, ces trois leviers terribles, dont un seul enlèverait le monde » (Gautier).

levier nom masculin (de lever 1) Barre rigide que l'on bascule autour d'un point d'appui pour soulever des fardeaux. Tige de commande d'un mécanisme : Levier de changement de vitesse, de frein à main. Littéraire. Ce qui sert à soulever, à mouvoir, à surmonter quelque résistance : Cet événement a été le levier de la révolution. Physique Corps rigide susceptible de tourner autour d'un axe et soumis à deux forces, l'une motrice et l'autre résistante. (Les produits de chacune des forces par leur distance à l'axe étant égaux, il est possible de démultiplier une force en jouant sur sa distance à l'axe [bras de levier].) ● levier (expressions) nom masculin (de lever 1) Levier de manœuvre, levier qui permet la manœuvre d'une aiguille, soit sur place (levier à pied d'œuvre), soit depuis un poste d'aiguillage. Effet de levier, technique de valorisation des fonds propres de l'entreprise et d'amélioration de leur rentabilité par recours à l'emprunt, sous réserve que le coût de celui-ci soit inférieur à la rentabilité des investissements réalisés grâce à son aide.

levier
n. m.
d1./d Pièce rigide, mobile autour d'un appui, sur laquelle s'exercent une force résistante et une force motrice, appliquée pour équilibrer la force résistante.
d2./d Organe de commande (d'un mécanisme) conçu sur le principe du levier ou évoquant sa forme. Levier de vitesse.
d3./d Fig. Moyen d'action, mobile qui pousse à agir. L'ambition est un levier puissant.
|| ECON Effet de levier: effet de rentabilité exercé par une modification de la structure de financement ou des coûts dans une entreprise.

⇒LEVIER, subst. masc.
A. — Barre rigide que l'on place sur un point d'appui et qui sert à mouvoir, soutenir ou élever un poids, une charge. On roule avec effort, on soulève avec des leviers faits à la hâte, le tronc des chênes, les débris des canons et des chars (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 281). Il n'eut qu'à soulever le panneau de bois, en se servant d'une pierre comme d'un levier, et la porte tourna sur les gonds (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 340).Le tronc (...) passe la porte en long, sur de petits billons glissés sous lui, et le voici dans l'âtre à grand renfort de leviers (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 115).
SYNT. Faire un levier; se faire un levier avec des bâtons, des pieux; introduire un levier dans une jointure, entre deux pierres; se munir, se servir d'un levier.
Levier du premier, du deuxième, du troisième genre (d'après la place du point d'appui). Ds Ac. Compl. 1842.
Levier d'Archimède. Archimède, lui aussi, demandait un point fixe; et, avec une force, quelque faible qu'elle fût, et un levier, s'il avait ce point fixe, il se vantait qu'il remuerait le monde (P. LEROUX, Humanité, t. 1, 1840, p. XVII). Ce qui tout à l'heure paraissait impossible est devenu tellement simple qu'on se demande, ainsi que pour le levier d'Archimède, comment personne n'y avait pensé plus tôt (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 197). P. métaph. Pierre l'Hermite, Calvin et Robespierre, chacun à trois cents ans de distance, ces trois Picards ont été, politiquement parlant, des leviers d'Archimède (BALZAC, Martyr calv., 1841, p. 219).
Levier hydraulique. ,,Appareil qui sert à élever l'eau d'une rivière en utilisant la force même du courant`` (CHESN. 1857).
Bras de levier. Distance de la ligne d'action d'une force à l'axe de rotation par rapport auquel cette force agit. (Ds NOËL 1968).
Spécialement
CHIR. OBSTÉTR. Levier articulé, mobile, simple; levier à cuiller, en pied-de-biche, de Lambotte. Ds Méd. Biol. t. 2 1971.
CHIR. DENT. Levier droit, pour l'extraction des incisives; levier de l'écluse, pour enlever les molaires (d'apr. CHESN. 1857).
Au fig. Force active utilisée comme moyen d'action. Levier moral, politique, social; levier de l'amour, de la haine, de l'intelligence, de la volonté. Un jour viendrait où (...) nous pourrions appuyer le levier de notre diplomatie sur la Russie (LAMART., Corresp., 1836, p. 179). Je te laisse toute ma fortune pour que tu en fasses un levier utile au bien, pour que tu en distribues le revenu aux pauvres (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 78). L'orgueil, c'est mon levier, le levier de toutes mes forces. Je m'en sers (...). Est-ce qu'il ne s'agit pas avant tout d'utiliser ses forces? (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 754) :
... pour soulever le fardeau, quel levier est l'adhésion du peuple! Cette massive confiance, cette élémentaire amitié, qui me prodiguent leurs témoignages, voilà de quoi m'affermir.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 322.
P. métaph. Mirabeau remuait l'opinion avec deux leviers : d'un côté, il prenait son point d'appui dans les masses dont il s'était constitué le défenseur, en les méprisant; de l'autre, quoique traître à son ordre, il en soulevait la sympathie par des affinités de caste et des intérêts communs (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 228).
ÉCON. Levier financier. ,,Amplification des revenus de l'entreprise résultant de l'augmentation des capitaux étrangers à long terme par rapport aux capitaux propres`` (TEZENAS 1972). Levier opérationnel. ,,Concept servant à décrire la relation entre les variations de chiffre d'affaires et les variations de bénéfice`` (TEZENAS 1972). Effet de levier. ,,Recours à l'endettement [qui] permet d'augmenter la rentabilité des capitaux propres de l'entreprise`` (Gestion fin. 1979).
B. — Organe de commande d'une machine ou d'un mécanisme utilisant le principe du levier, ou en rappelant la forme. Levier enclencheur; levier d'une pompe.
Spécialement
AVIAT., CH. DE FER, MÉCAN. Levier de changement de marche; levier de commande, de direction, de manœuvre, de vitesse; levier à cliquet, à rochet, de renvoi; frein à levier. Comme c'est l'heure d'ouvrir le réservoir supplémentaire, je tire le levier (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 337).
LITHOGR. ,,Bras de la presse lithographique manuelle que l'on abaisse, lors du tirage, pour exercer la pression`` (BÉG. Estampe 1977).
MUS. Levier pneumatique. Appareil appliqué au clavier de l'orgue et destiné à faciliter l'abaissement des touches. La belle invention de Barker, le levier pneumatique, a rendu possible d'accoupler plusieurs claviers sans que le toucher en soit plus dur que celui d'un bon piano (CELLIER, Orgue mod., 1913, p. 52).
PSYCHOL. Test des leviers. ,,Test d'intelligence,, (Lar. encyclop. Suppl. 1968).
Au fig., au plur. Leviers de commande. Poste de direction, de contrôle dans un gouvernement, une administration, une entreprise. Être aux leviers de commande. L'état doit tenir les leviers de commande (...) c'est le rôle de l'état d'assurer lui-même la mise en valeur des grandes sources de l'énergie (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 455).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Ca 1130 « bâton, barre de bois » (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 2037); B. 1.a) Ca 1160 « barre rigide reposant sur un point d'appui et permettant de soulever un fardeau » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1143); b) 1684 fig. « moyen d'action » (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., 15 nov., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 158 [ici, en parlant d'une pers.]); 1754 (DIDEROT, Interprétation de la nature, p. 192 : les leviers avec lesquels la philosophie s'est proposé de remuer le monde); 2. a) 1812 chir. obstétr. (MOZIN-BIBER); b) 1820 chir. dent. (NYSTEN Suppl.); c) 1820 chir. (ibid.); 3. a) 1867 « organe de commande d'une machine » (Lar. 19e, s.v. changement : levier de changement de marche); 1899 automob. levier de changement de vitesse (P. GIFFARD, La Fin du cheval, p. 178 ds Fr. mod. t. 42, p. 356); b) 1931 fig. « poste de direction, de contrôle » (BERNANOS, Grande peur des bien-pensants, p. 10 : le radicalisme crispé aux leviers du pouvoir); 1936 les leviers de commande (MARITAIN, Human. intégr., p. 287). Dér. de lever1; suff. -ier. Fréq. abs. littér. : 385. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 697, b) 492; XXe s. : a) 374, b) 553.

levier [ləvje] n. m.
ÉTYM. V. 1180; de 1. lever.
1 Corps solide, mobile autour d'un point fixe (point d'appui), permettant de multiplier une force appliquée à une résistance. || Les leviers sont utilisés pour vaincre les résistances, soulever les fardeaux. || Formes usuelles de leviers. Anspect, barre (I., 1.; et barre à mine), ciseau (à froid), pince. || Levier de chirurgien, de dentiste. || Leviers terminés par un pied-de-biche, un pied-de-chèvre. || Cric à levier. || Se servir d'une barre de fer, d'un bâton comme d'un levier (→ Coussinet, cit. 3). || Soulever une pierre à l'aide d'un levier.
Loc. Faire levier. || Faire levier avec une pelle : peser sur la pelle pour s'en servir comme d'un levier. Peser; pesée.
1 — Tu vas trop vite, disaient ses camarades de chantier. Tiens, il faut faire levier sur la pelle (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, XI.
Le rapport des forces (puissance et résistance) appliquées aux deux bras du levier (« rapport de multiplication » du levier) est égal au quotient des distances du point d'appui aux points d'application de ces deux forces ( Moment). || Levier du premier, du deuxième, du troisième genre, d'après la place du point d'appui. || La balance, levier du premier genre.
2 Connaissez-vous la beauté de la machine toute simple qu'on appelle un levier ?
Mme de Sévigné, 941, 15 nov. 1684.
3 Archimède, le fondateur de la statique, établit d'abord la condition d'équilibre de deux poids suspendus aux deux extrémités d'un levier droit, c'est-à-dire la nécessité que ces poids soient en raison inverse de leurs distances au point d'appui du levier.
A. Comte, Philosophie positive, t. I, XVI.
3.1 Le travail commença. Il fallut déchausser la base de la muraille, introduire un levier dans l'interstice de deux pierres, en détacher une.
J. Verne, les Cinq Cents Millions de la Bégum, p. 240.
Levier hydraulique : dispositif servant à élever l'eau d'un cours d'eau, en utilisant la force même du courant.Levier pneumatique.
2 (1867). Techn. et cour. Organe de commande (d'une machine, d'un mécanisme), utilisant le principe du levier ou en rappelant la forme. Commande. → Engin, cit. 3. || Tracer le profil (cit. 5.1) d'un levier. || Levier à main ( Manette), à pied ( Pédale).Leviers de commande d'un avion permettant d'agir sur les gouvernes (→ Manche à balai, palonnier).(1899, in D. D. L.). || Levier de changement de vitesse (d'une automobile); levier de vitesses, des vitesses.Ch. de fer. || Levier de changement de marche sur une locomotive à vapeur. || Levier directeur d'un aiguillage. || Levier à contrepoids (→ Fermer, cit. 17). Mar. || Levier de chasse, permettant de « chasser » le navire qui ne part pas de lui-même, au moment du lancement. Ber.
3.2 (…) se faufilant sous les wagons, s'accrochant aux chaînes, s'aidant du levier des freins et des longerons des châssis, rampant d'une voiture à l'autre avec une adresse merveilleuse, il gagna ainsi l'avant du train.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 266.
4 Le moteur ronflait déjà. Rieux avait la main sur le levier de vitesse.
Camus, la Peste, p. 72.
4.1 Le feu passa au jaune, puis au vert. Les bras de la femme se mirent en mouvement, manœuvrant le levier des vitesses, tournant le cercle noir du volant, inclinant le bâtonnet des clignotants.
J.-M. G. Le Clézio, le Déluge, p. 96.
(XXe; 1936, in T. L. F.). || Levier de commande. Fig. Ce qui commande la marche, le fonctionnement d'un mécanisme, d'un organisme (→ Breloque, cit. 4).Être aux leviers de commande : occuper un poste de direction, de contrôle.
5 (…) cet Empire ressemblait à ces usines énormes d'aujourd'hui où tout marche sous la main d'un seul homme assis devant le clavier des « leviers de commande ».
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Vers l'Empire d'Occident, VII.
3 (1684; rare av. XVIIIe). Par métaphore et fig. Ce qui sert à vaincre une résistance; moyen d'action (→ Appui, cit. 9, Danton; grandir, cit. 11). || Un levier d'influence (→ Électoral, cit. 1). || « Le levier de la puissance n'a d'autre appui que l'opinion » (Raynal).
6 La curiosité, le désir et l'amour, ces trois leviers terribles, dont un seul enlèverait le monde, exaltent au plus haut degré toutes les puissances de son âme (…)
Th. Gautier, Fortunio, XV.
7 La Vie française était avant tout un journal d'argent, le patron étant un homme d'argent à qui la presse et la députation avaient servi de leviers.
Maupassant, Bel-Ami, I, VI.
8 L'orgueil, c'est mon levier, le levier de toutes mes forces. Je m'en sers. J'ai bien le droit.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 260.

Encyclopédie Universelle. 2012.