LENA
LENA
Longue de 4 400 kilomètres, la Lena draine un bassin de 2 490 000 kilomètres carrés, le troisième par son étendue en Russie. Entre sa source, située sur le versant occidental de la chaîne du Baïkal et son delta, construit dans la mer des Laptev, la Lena traverse de part en part la grande forêt sibérienne, drainant même, dans la portion de son cours située au nord du 71e parallèle, une partie de la toundra, si bien que dans la plus grande partie de son bassin le sous-sol reste gelé en permanence (merzlota ), seule une tranche superficielle de sol dégelant chaque été. La Lena traverse dans son cours supérieur, sur 1 485 kilomètres, les montagnes bordières au nord du lac Baïkal, ce qui vaut au fleuve d’emprunter une vallée fort étroite, dont la largeur varie entre 1 et 10 kilomètres, et d’être coupé de nombreux rapides fort redoutés des bateliers, tel le rapide dit de l’Ivrogne (Pianyi Byk) situé à 257 kilomètres en aval de la ville de Kirensk. La confluence du Vitim (affluent de rive droite) marque l’entrée de la Lena dans la section moyenne de son cours, qui, après avoir reçu sur sa rive droite l’Olekma, se prolonge sur 1 415 kilomètres jusqu’à sa confluence avec l’Aldan. Sur cette partie de son cours, la vallée du fleuve, encore mal calibrée, voit sa largeur varier entre 10 kilomètres, à la traversée des barres rocheuses calcaires qui donnent naissance aux célèbres «colonnes de la Lena», et 30 kilomètres lorsque le cours traverse des roches plus tendres. Grossie par l’apport des eaux de l’Aldan, la Lena pénètre alors dans la grande plaine de la Iakoutie centrale, constellée d’étangs et de marais, qu’elle parcourt en empruntant une vallée bien calibrée large de 30 kilomètres, le lit majeur du fleuve mesurant entre 7 et 15 kilomètres, la profondeur du lit atteignant jusqu’à 20 mètres. Resserrée à nouveau en aval lors de la traversée d’une diramation de la chaîne de Verkhoïansk, les monts Tchekanovski, la vallée s’épanouit à nouveau l’obstacle franchi, le fleuve se divisant bientôt en une foule de bras qui enserrent un delta fortement digité sur 30 000 kilomètres carrés.
Le régime du fleuve est caractérisé d’abord par l’extrême indigence du débit au cours de l’hiver, le débit d’étiage étant atteint en avril. Le débit augmente ensuite très rapidement au cours de la seconde quinzaine de mai pour atteindre son maximum au cours de la première décade de juin; le niveau des eaux s’élève de 8 mètres dans la section supérieure du cours et de 28 mètres dans la basse vallée qui est alors inondée sur des étendues considérables. La fonte des neiges, qui se poursuit dans les parties hautes du bassin jusqu’au cœur de l’été, prolonge la période de fort débit jusqu’à la fin juillet; la recrudescence des pluies en automne provoque une nouvelle montée des eaux, plus modeste que celle de la crue printanière, du début d’août à la première décade d’octobre; la retombée du débit intervient très vite dans les semaines qui suivent en raison de la prise des eaux courantes par le gel. Progressivement accru de l’amont à l’aval, le débit du fleuve passe de 1 100 mètres cubes par seconde à Kirensk à 6 360 mètres cubes par seconde à Tabaga (ce qui représente un module spécifique de 7 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin) et à 16 100 mètres cubes par seconde à Kioussiour en amont de la tête du delta, ce qui correspond à un module spécifique de 6,7 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin et à une tranche écoulée de 211 millimètres. Le fleuve déverse dans la mer des Laptev 508 kilomètres cubes d’eau en une année, le débit moyen est de 16 100 mètres cubes par seconde: la Lena vient au deuxième rang des fleuves de Russie, après l’Ienisseï, par l’importance de son débit moyen annuel. Les eaux de la Lena, dont la turbidité spécifique à l’embouchure est de 20 grammes par mètre cube, apportent à la mer des Laptev près de 11 millions de tonnes de charge solide et 55 millions de tonnes de substances dissoutes en une année. L’embâcle se manifeste sur la Lena dès la fin du mois d’octobre dans la partie inférieure du cours et intervient au début de novembre à l’amont, le fleuve restant pris par les glaces jusqu’à la première décade de mai, ici, et jusqu’à la première décade de juin, là. Ainsi la navigation n’est-elle possible que durant cent vingt jours à l’aval et cent soixante jours à l’amont, ce qui réduit les possibilités d’utilisation d’un fleuve navigable pourtant jusqu’à Oust-Koust, sur la voie ferrée du B.A.M., dans son cours supérieur. La Lena dispose, avec ses affluents, d’une puissance hydroélectrique potentielle de 35 000 mégawatts au moins, mais son équipement est à peine entamé.
Lena
(la) fl. de Sibérie (4 270 km); né sur la rive ouest du lac Baïkal, il arrose Iakoutsk et se jette dans l'océan Arctique par un vaste delta.
Encyclopédie Universelle. 2012.