LAZE
LAZE
L’ethnie laze est actuellement scindée en deux par les frontières de la Turquie et de la Géorgie, et le nom même de Laze est banni de part et d’autre de cette frontière. Du côté turc, on apprend, grâce au recensement de 1945, que le laze était parlé à cette date par 46 987 personnes, mais on ne sait rien sur les Laze musulmans grécophones et turcophones. Il faut noter qu’au lendemain de la Première Guerre mondiale le nombre des Laze du vilayet de Trébizonde était estimé à 220 000. Du côté géorgien, on sait seulement que les Laze vivent dans la république autonome d’Adjarie, qui dépend de la Géorgie, et le dernier recensement effectué en U.R.S.S., en 1989, inclut les Laze d’Adjarie sous la rubrique Géorgiens. En 1944, les Laze d’Adjarie ont été déportés sur ordre de Staline mais, contrairement aux autres «peuples punis», n’ont pas été réhabilités en 1957, et peu sont revenus. Pourtant, depuis la plus haute Antiquité, les Laze sont l’ethnie la plus importante de Colchide, également nommée par les écrivains grecs et byzantins «pays des Laze» ou «Lazique». Leur présence ininterrompue est attestée tant dans les chroniques que dans l’historiographie du Caucase, de l’empire de Trébizonde et de l’Empire ottoman, grâce à leur activité de guerriers mercenaires et de marins corsaires. Cette assimilation des Laze aux ethnies voisines n’est pas nouvelle: les auteurs byzantins, par exemple, les confondent au VIIe siècle avec les Svane (les Sonanoï antiques) ou les Mingréliens (les antiques Moskhoï). Leur langue ne remonte-t-elle pas, comme celle des Mingréliens, des Svane, des Géorgiens, à un proto-géorgien commun? Dès l’Antiquité également, les Laze sont confondus avec leurs voisins d’Anatolie, et notamment les Pontiens. Au XVe siècle, la conversion des Laze à l’islam trace une ligne nette de démarcation: les Pontiens, grécophones et chrétiens, habitent les villes côtières et s’adaptent sans difficulté à l’économie marchande. Les Laze, à l’inverse, restent attachés aux structures tribales, à un mode de vie archaïque et guerrier; les razzias dirigées contre les ports du pont et du Caucase remplacent, au XVIIIe et jusqu’au XIXe siècle, les terres qu’ils tenaient, en tant que spahis, du pouvoir ottoman.
Encyclopédie Universelle. 2012.