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KOULAK
KOULAK

KOULAK

Terme appliqué en Russie à la fin du XIXe siècle à une minorité de paysans qui, amassant de l’argent et pratiquant l’usure, exploitaient et dominaient la masse des paysans pauvres. Jusqu’en 1917, les koulaks (kulak : poing) continuèrent à s’enrichir; la réforme de Stolypine leur permit de quitter le mir (communauté agraire); ils rachetèrent les terres des nobles qui ne pouvaient plus entretenir leurs immenses domaines et employèrent un nombre croissant d’ouvriers agricoles; ils prirent en outre une part de plus en plus active à la commercialisation des produits du sol. Lénine opposait les Koulaks, ou paysans aisés, aux bednoti , ou «prolétaires de village». Au communisme de guerre succéda la N.E.P., pause dans le processus de socialisation, rendue nécessaire par la situation économique très grave dans laquelle se trouvait l’U.R.S.S.; en 1922, pour améliorer le ravitaillement des villes qui était assuré par les koulaks, des mesures semi-libérales furent prises, favorisant ces derniers et freinant la collectivisation.

À partir de 1927, sous la pression en particulier des ouvriers hostiles à ceux qu’ils tenaient pour des profiteurs, le gouvernement de Staline commença à réduire les privilèges des koulaks. En 1929, l’adoption du plan quinquennal, qui prévoyait la collectivisation des terres par la mise en œuvre d’une agriculture industrielle, amena Staline, malgré l’opposition des «droitiers» Boukharine et Rykov, à décider la liquidation des koulaks en tant que classe. Ceux-ci, en effet, se montraient farouchement opposés à des réformes qui les privaient de leurs biens. Un peu partout éclatèrent des jacqueries et les fermiers massacrèrent en masse leur bétail plutôt que de le livrer aux kolkhoz. Des milices armées envoyées par le gouvernement se répandirent dans la campagne pour procéder à la confiscation forcée. Des millions de paysans réfractaires à ces mesures furent exécutés ou déportés avec leur famille. Cette liquidation a pris le nom de «dékoulakisation». Environ 75 p. 100 de la propriété paysanne avaient été collectivisés en 1934, et la production en blé mit plusieurs années à retrouver son niveau de 1930.

koulak [ kulak ] n. m.
• 1917; koulaky plur. 1881; mot russe
Hist. Riche paysan propriétaire, en Russie. La classe des koulaks a été éliminée par la collectivisation entreprise en 1929.

koulak nom masculin Paysan enrichi de la Russie de la fin du XIXe s. et du début du XXe s.

⇒KOULAK, subst. masc.
En Russie, riche propriétaire paysan. Cet effort de collectivisation [en 1928-1929] n'a pas été sans de très grosses difficultés : la « liquidation » des koulaks a été une des opérations les plus rudes du régime (LESOURD-GÉRARD, Hist. écon., 1966, p. 539).
Prononc. : [kulak]. Étymol. et Hist. 1931 (Lar. 20e). Empr. au russe kulak « grand fermier » et « poing », prob. empr. au turco-tartare kulak « poing » (cf. VASMER). Bbg. JÄNICKE (O.). Zu den slavischen Elementen im Französischen. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 449.

koulak [kulak] n. m.
ÉTYM. 1917; au plur. koulaky, 1881, koulaki, 1889, in D. D. L.; mot russe, « gros fermier », p.-ê. à rattacher au turc kulak « poing ».
Hist. Riche paysan propriétaire, en Russie, puis en Union soviétique. || La lutte contre les koulaks; l'élimination des koulaks (dite dékoulakisation [dekulakizɑsjɔ̃] n. f.).
0 Un décret de mai 1929 définit le koulak afin de le différencier du paysan moyen. En février 1930, un décret nouveau organise la lutte contre les koulaks.
Jean Bruhat, Hist. de l'U. R. S. S., p. 90.
Adj. (1931). || « Le parasitisme koulak » (Barbusse).

Encyclopédie Universelle. 2012.