Akademik

HAGHIA TRIADA
HAGHIA TRIADA

HAGHIA TRIADA

À quelques kilomètres de Phaistos (Crète), des archéologues italiens découvrirent sur le site d’Haghia Triada au cours de campagnes de fouilles menées entre 1902 et 1914, les ruines d’une villa seigneuriale dont l’état primitif correspond à la deuxième période palatiale et qui fut détruite vers \HAGHIA TRIADA 1400 en même temps que les autres palais crétois.

Bien que de moindres dimensions, l’édifice comporte les éléments caractéristiques de l’architecture palatiale minoenne; au nord une voie dallée, dite rampe de la mer, constitue l’accès principal. Elle longe une façade à redans et aboutit à un portique. Un escalier la relie, à angle droit, à la voie qui menait à Phaistos et qui traverse sur un de ses côtés la cour des autels, encadrée à l’ouest par le quartier domestique, bordée par des magasins à l’est et au nord-est, par les appartements résidentiels au nord.

Plus encore qu’à Phaistos, on a joué librement sur le thème du mégaron, du puits de lumière et de la cour à péristyle, la faible dimension du plan permettant une certaine souplesse dans sa composition d’ensemble. Le palais minoen était décoré de revêtements de gypse alabastrin et de fresques conservés au musée d’Héracléion, en particulier un fragment représentant un chat sauvage guettant un oiseau huppé.

Alors que sur les autres sites, on constate une période d’abandon après la destruction des seconds palais, un village datant du minoen récent (III) est édifié à côté des ruines, sur l’emplacement desquelles s’implante un grand mégaron de type continental, sur les magasins du nord-est, et un temple à l’est.

La célébrité d’Haghia Triada provient cependant des documents uniques qu’on y a exhumés.

Dans le palais lui-même furent mis au jour trois vases en stéatite (musée d’Héracléion) ornés de scènes figurées en relief. Sur un gobelet dit du chef, un jeune homme cambré, paré de bijoux, aux longs cheveux, se tient devant une construction; dans sa main droite tendue, il porte un long sceptre. En face de lui, un officier en armes, suivi des hommes de garde cachés derrière de gigantesques boucliers, vient recevoir des ordres. Des scènes réparties sur plusieurs registres illustrant un spectacle de boxe et de tauromachie ornent un second vase, un rhyton en forme de cornet. Enfin, le vase dit des moissonneurs, partiellement conservé, présente dans sa partie haute une procession rustique où une troupe de paysans, la fourche à l’épaule, suit, échelonnée sur plusieurs plans, le chef de chœur qui, précédé du meneur du cortège, vêtu d’une peau de bête, chante à gorge déployée tout en s’accompagnant du sistre. Cette composition, d’une totale liberté d’exécution, touche presque à la caricature. Ces trois vases illustrent parfaitement différents aspects importants de la vie minoenne: l’ambiance de la cour, les travaux des champs et la religion agraire.

Mais c’est le sarcophage d’albâtre retrouvé dans un caveau de la nécropole qui demeure le document capital pour notre connaissance de la religion minoenne. Ses quatre faces sont décorées de peintures organisées en frise. On y voit un mort, vêtu d’une longue pelisse, placé devant un édifice (vraisemblablement sa tombe) à proximité d’un arbre et d’un autel à degrés vers lequel se dirige un cortège de porteurs d’offrandes, de musiciens et les victimes d’un sacrifice sanglant. Sur l’autre côté, une prêtresse offre des fruits et du vin sur un autel placé près de l’arbre sacré et des doubles haches.

Plus loin, un enclos est couronné des cornes de consécration. Ces scènes rassemblent les éléments essentiels de la vie rituelle et religieuse de la Crète et nous permettent ainsi de comprendre quelque peu le monde funéraire des Minoens.

Encyclopédie Universelle. 2012.