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SUVANNA PHUMA
SUVANNA PHUMA

SUVANNA PHUMA (1901-1984)

Né à Luang Prabang, Suvanna Phuma est le fils du prince Phat Bukhong (vice-roi du royaume de Luang Prabang) et de la princesse Thongsy; par sa naissance, il est le neveu du roi Sisavang Vong. D’abord élève au lycée français de Hanoï, il étudie en France à l’École des travaux publics de Paris, puis à l’Institut électronique de Grenoble; en 1931, il regagne le Laos. De 1931 à 1940, il travaille au département d’architecture et des travaux publics et dirige la restauration du temple du Vat Phra Keo à Vientiane.

Après la défaite japonaise, il crée le front du «Lao Issarak» (Laos libre) avec ses deux demi-frères, les princes Pethsarath et Suphanuvong; lors de leur entrée à Vientiane, les «Laos libres» arrêtent le roi Sisavang Vong qui a prêté allégeance au gouvernement français — en août 1946 et mai 1947, la France lui a fait signer une constitution garantissant au Laos un statut semi-autonome au sein de l’Union française — et, par ce geste, appellent la restauration de la présence française en Indochine; pour une brève période, Suvanna Phuma occupe la place de Premier ministre, mais s’exile en Thaïlande avec le mouvement Lao Issarak lors du retour des forces françaises en 1949; bientôt, Suvanna rentre à Vientiane négocier avec les Français un traité d’autonomie du Laos tandis que Suphanuvong crée le Pathet Lao («Terre des Lao»).

De 1951 à 1954, Suvanna Phuma offre ses services au gouvernement royal, préside les conseils des ministres et cumule cette charge avec celle de ministre des Postes, Informations et Télécommunications. Premier ministre d’octobre 1954 à novembre 1955, il conserve le portefeuille de ministre de la Défense. Dans son discours d’investiture, il dénonce les interventions étrangères, adoptant une attitude clairement neutraliste. En 1957, un gouvernement d’union nationale est mis sur pied. Quand, aux élections de mai 1958, les éléments pro-communistes progressent, Suvanna est contraint par la droite de démissionner et est remplacé par le président du Groupe nationaliste Lao, Phumi Sananikone. En août 1960, le capitaine pro-neutraliste Kong Le prend le pouvoir et replace Suvanna à son poste de Premier ministre; pour peu de temps, car un autre putsch de droite lui substitue le chef du Parti social démocratique, le général Phumi Nosavan. Ce dernier gouvernement, dont le véritable chef est le prince Boun Oum, est chaleureusement accueilli par les Américains et les puissances proches des États-Unis. La Russie et la Chine refusent de reconnaître ce gouvernement, n’acceptant officiellement que Suvanna; celui-ci, dans une interview donnée au New York Times le 19 janvier 1961, accuse les États-Unis d’immixtion dans les affaires du pays. À Vienne, en juin 1962, les présidents Kennedy et Khrouchtchev reconnaissent enfin la neutralité du Laos, que confirment les accords signés à Genève le 23 juillet 1962. Cependant ceux-ci ne sont pas respectés et, les «Phantoms» américains bombardant la piste Hô Chi Minh sans relâche, le Laos est entraîné dans la guerre du Vietnam.

Le 14 septembre 1973 est signé à Vientiane un protocole d’accord entre les représentants des forces gouvernementales et ceux du Pathet Lao.

Depuis le début 1974, les Laotiens ont cessé de se battre et, depuis la signature du protocole de 1973, une commission mixte de contrôle intervient à plein; le prince Suvanna Phuma joue un rôle d’arbitre dans le processus de réconciliation nationale; il a en particulier obtenu qu’Américains, Chinois et Vietnamiens opèrent, chacun à sa façon, un dégagement des forces armées, le pays engageant un processus de construction nationale qui le libère notamment de sa dépendance économique à l’égard de la Thaïlande. Le Laos est resté un État-tampon entouré, la Thaïlande exceptée, de régimes révolutionnaires. En 1975, après la chute de Saigon, un gouvernement communiste est mis en place à Vientiane, dont le prince Suvanna Phuma est le conseiller.

Encyclopédie Universelle. 2012.