ASAHI SHIMBUN
ASAHI SHIMBU
Fondé en 1879 à 牢saka, l’Asahi Shimbun se présente sous une forme nouvelle par rapport aux autres journaux politiques de l’époque; ceux-ci, depuis le début du Meiji, avaient conservé une présentation de forme traditionnelle et continuaient de s’adresser à un public de lettrés et de politiciens; à la différence de ces «grands journaux», l’Asahi se veut un «petit journal» destiné d’emblée aux masses; il accorde plus de place à la vie quotidienne qu’aux débats politiques et consacre sa formule par la place accordée aux dernières nouvelles et aux feuilletons — tirés de romans d’auteurs connus — qu’il fait paraître dans ses colonnes. Lors du mouvement lancé contre le gouvernement en faveur de «la liberté et des droits du peuple», l’Asahi — à la différence de la plupart des autres journaux, Mainichi , Yomiuri , etc. — ne prend pas parti; lorsque en 1885 la répression gouvernementale impose aux journaux politiques de cesser leur parution, l’Asahi , qui n’est pas atteint par cette répression, gagne, du fait de leur disparition, une audience accrue; en 1888, il absorbe d’autres concurrents et devient un quotidien national.
En se déclarant favorable à la guerre sino-japonaise (1894-1895), l’Asahi exprime sa première prise de position politique; son zèle excessif le fait interdire quelque temps par le gouvernement.
Au début du XXe siècle, l’Asahi et les autres «petits journaux» qui viennent d’être lancés s’attachent leur public en donnant dans le bizarre ou le scandaleux et en publiant des nouvelles; l’Asahi et le Mainichi se concurrencent alors fortement. Lors de la guerre russo-japonaise (1904-1905), la plupart des journaux soutiennent le gouvernement nippon; seul le Heimin Shimbun , journal des socialistes et des anarchistes, s’oppose à la guerre: il est interdit.
Pendant la Première Guerre mondiale, l’Asahi envoie des correspondants en Europe. En 1918, galvanisée par la révolution russe, une vague «d’émeutes de riz» éclate, touchant plusieurs villes. Le gouvernement censurant toute information à ce sujet, les journalistes des principaux organes de presse — dont ceux de l’Asahi — organisent une réunion de protestation; soumis aux pressions gouvernementales, l’Asahi , pour éviter la «bolchevisation», décide de changer de directeur et de «démissionner» certains cadres influents ainsi que certains commentateurs et speakers fort connus. Le journal publie alors une autocritique et déclare revenir à ce qui constituait la ligne fondamentale, c’est-à-dire «la fidélité à l’empereur et l’adhésion au patriotisme».
Le Mainichi et l’Asahi se transforment en sociétés anonymes respectivement en 1918 et 1919 et déclarent tous les deux diffuser dans la seule ville d’ 牢saka plus d’un million d’exemplaires; déjà leur financement dépend de plus en plus des ressources que leur fournit la publicité.
Lors de la dépression économique des années 1925-1930, les quotidiens — dont l’Asahi —, loin de donner priorité aux débats politiques, accordent de plus en plus de pages aux sujets à scandale, c’est-à-dire à ceux que l’on juge «érotiques, grotesques et absurdes». Avec la guerre sino-japonaise de 1931, le gouvernement nippon renforce son contrôle sur les journaux et le maintient jusqu’à la capitulation nipponne. Certains organes de «moindre importance» disparaissent ou sont absorbés par les grands quotidiens; la censure s’étend et les journalistes sont réquisitionnés pour écrire en faveur de la guerre.
Après la Seconde Guerre mondiale, il se produit une «démocratisation» dans le monde journalistique: tous les directeurs du Mainichi sont limogés pour leur prise de position militariste. Quant au Yomiuri , il demeure aux mains des ouvriers grévistes pendant presque un an, situation qui n’est «normalisée» que par l’intervention de l’armée américaine d’occupation. Pour sa part, l’Asahi subit moins de changements, mais se ressent des remous produits par la montée du syndicalisme de gauche. Durant les premières années de l’après-guerre, l’armée américaine d’occupation maintient un contrôle sur les journaux soit en recourant à la censure directe, soit en refusant de fournir le papier nécessaire à l’imprimerie. En 1950, à la veille de la guerre de Corée, le commandant en chef de l’armée américaine d’occupation, le général MacArthur, frappe d’interdiction d’activité les membres du comité central du Parti communiste; étendant la chasse aux sorcières qui sévit aux États-Unis, il exige en outre le licenciement des membres et des sympathisants du P.C. des bureaux, des usines, de l’université et de la presse; en conséquence de quoi, sept cents journalistes sont remerciés.
Avec la fin de l’occupation du Japon par les États-Unis, en 1952, s’ouvre une époque de libre concurrence entre les plus importants quotidiens: au lieu de recourir à une agence commune de vente, les principaux quotidiens établissent chacun leur propre réseau national de vente. Avec le «boom» économique, les grands quotidiens accroissent leur nombre de pages et essaient d’élargir les rubriques. Cependant, la publicité se taille la part du lion avec 51 p. 100 du journal.
L’Asahi tire à plus de 12 millions d’exemplaires et compte 98 p. 100 d’abonnés; son concurrent, le Yomiuri , dépasse lui les 13 millions. Il est vrai que le Japon est un des pays les plus gros consommateurs de médias avec 180 quotidiens différents et 563 exemplaires de journaux pour 1 000 habitants.
L’Asahi , qui compte 3 000 journalistes sur 9 000 employés, sort cinq éditions le matin et trois l’après-midi grâce à une chaîne de fabrication entièrement informatisée (y compris la rédaction et la mise en pages) et des transmissions par fac-similé vers les centres d’impression décentralisés. Il contrôle également une chaîne de télévision et a investi dans les réseaux de télématique comme Captain System , coordonné par la N.T.T., entreprise publique des télécommunications japonaises.
Encyclopédie Universelle. 2012.