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KUBIN (A.)
KUBIN (A.)

KUBIN ALFRED (1877-1959)

Il a été la preuve vivante de l’impossibilité de réduire l’expressionnisme à un courant pictural. Après une tentative de suicide sur la tombe de sa mère, Alfred Kubin s’engage dans l’armée austro-hongroise. Une nouvelle crise d’aliénation le frappe lors des obsèques de son général, substitut évident de son père. C’est donc un homme absolument et terriblement seul qui, ayant recouvré la santé mentale par miracle, apprend la photographie et découvre la gravure dans les œuvres de Goya, de Beardsley, de Max Klinger puis dans l’atelier d’Odilon Redon (1902). De Paris, il repart pour Munich où il se liera au groupe fondateur du Blaue Reiter, sans jamais s’intégrer véritablement à ce mouvement. Entre-temps, il a fréquenté la philosophie allemande de son siècle, mais aussi Gérard de Nerval, Edgar Poe, Strindberg et le bouddhisme. La plongée dans l’inconscient pour dépasser la réalité immédiate lui paraît davantage praticable par la littérature: il écrit et illustre, en 1909, L’Autre Côté (Die andere Seite ), présentation sous une forme romanesque d’un univers onirique dont l’authenticité est bouleversante. Il revient à la peinture et s’oriente surtout vers l’illustration de livres (Le Double de Dostoïevski, 1913; Les Diaboliques de Barbey d’Aurevilly, 1921, etc.) ou vers la gravure originale (L’Homme , vers 1905), où son penchant pour le fantastique et même un certain mysticisme se donnent libre cours.

Encyclopédie Universelle. 2012.