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KENYA - Actualité (1990-1996)
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République du Kenya

Politique intérieure

Du 7 au 12 juillet 1990, des manifestants descendent dans la rue et se heurtent aux forces de l’ordre, à Nairobi et dans plusieurs villes de province. Ils réclament l’instauration du multipartisme et protestent contre l’arrestation, le 4, des 2 principaux opposants au régime du président Daniel Arap Moi, Kenneth Matiba et Charles Rubia. Au moins 22 personnes sont tuées lors des affrontements, 60 blessées et 1 500 arrêtées.

Le 10 décembre 1991, le Parlement abroge l’amendement constitutionnel de 1982 qui faisait de la Kenya African National Union (K.A.N.U.) le seul parti autorisé dans le pays.

Le 29 décembre 1992, les premières élections générales libres et pluralistes depuis 26 ans se déroulent au terme d’une campagne marquée par des violences interethniques et de nombreuses irrégularités. Au pouvoir depuis 1978, le président Daniel Arap Moi remporte ces élections. Il obtient 37 p. 100 des voix, son principal rival, Kenneth Matiba, candidat du Forum pour la restauration de la démocratie-Asili, en recueillant 26 p. 100. Viennent ensuite Mwai Kibaki, candidat du Parti démocrate (19 p. 100) et Jaramogi Oginga Odinga, candidat du Ford-Kenya (18 p. 100). La K.A.N.U. remporte 100 des 188 sièges à pourvoir, contre 88 pour l’opposition. Le président nomme les 12 derniers députés.

Le 1er janvier 1994, les 3 leaders d’opposition Kenneth Matiba, Mwai Kibaki et Oginga Odinga s’unissent pour dénoncer le résultat des élections entachées selon eux de fraudes.

Le 27 janvier, Daniel Arap Moi suspend le Parlement, qui reprend ses activités en mars.

Au début du mois d’avril, le président Daniel Arap Moi instaure le couvre-feu dans l’ouest du pays, touché par des conflits ethniques entre Kikuyu (ethnie majoritaire) et Kalenjin (ethnie du président).

Vie économique

En 1990, l’activité économique subit les conséquences du bas niveau persistant des cours du café, du ralentissement du tourisme et du renchérissement des prix du pétrole.

Le 26 novembre 1991, les créanciers internationaux du Club de Paris décident de différer de 6 mois la décision sur l’aide à verser au Kenya. Cette mesure est la conséquence des réticences croissantes exprimées par les bailleurs de fonds quant au soutien à apporter au régime autocratique et corrompu de Daniel Arap Moi. La suspension de l’aide avait été demandée la veille par le représentant d’un mouvement d’opposition des milieux d’affaires kenyans. La sanction de la communauté internationale se fonde sur des critères politiques, car peu de pays africains peuvent présenter une performance économique comparable à celle du Kenya.

En 1992, l’économie, privée depuis novembre 1991 de l’aide multilatérale qui représente 21 p. 100 du budget, périclite sous les effets combinés de la sécheresse et de la corruption.

En 1993, l’économie stagne. Les arriérés sur le service de la dette extérieure atteignent l’équivalent de 5 mois de recettes d’exportation. Des efforts de redressement suivent la nomination en janvier de Musalia Mudavadi aux Finances. Le cours du shilling devient flottant le 24 février, sauf pour les importations de l’État et pour le service de la dette publique ou garantie.

Le 15 avril, la Trade Bank of Kenya est mise sous séquestre et ses dirigeants sont arrêtés. Il reste beaucoup à faire pour assainir la gestion du président Moi, notamment à abolir le monopole de la commercialisation du maïs (principale denrée alimentaire du Kenya), instrument privilégié de la corruption. En novembre, les bailleurs de fonds du Kenya reprennent leur aide.

En 1994, le gouvernement met en place des réformes d’ajustement économique et de lutte contre les fraudes massives mêlant les milieux d’affaires et l’administration. Les réformes prévoient notamment la réduction des effectifs de la fonction publique, la restructuration et la privatisation des entreprises publiques ainsi que l’élargissement de la fiscalité. Le gouvernement supprime quasiment le contrôle des changes et abaisse les droits de douane. Si la production industrielle est en hausse, le secteur agricole, sinistré, doit être subventionné.

En 1995, l’aide internationale est bloquée en raison de l’inaction du gouvernement dans la lutte contre la corruption de certains milieux d’affaires et de l’évolution politique du régime. Le gouvernement accepte de réduire le coût du projet d’aéroport international qui doit être construit à Eldoret, la ville du président Arap Moi, et dont l’utilité est contestée par les organismes internationaux. Le taux de croissance est le meilleur enregistré depuis 1990 et l’inflation est contenue.

L’année 1996 est celle du déblocage de l’aide internationale: les donateurs accordent 730 millions de dollars pour 1996-1997 et la Banque mondiale annonce l’octroi d’une facilité d’ajustement structurel d’un montant de 216 millions de dollars. La situation économique continue à s’améliorer: la croissance progresse; l’inflation diminue. Les recettes touristiques, en revanche, sont en baisse. Par ailleurs, l’activité économique est encore entravée par de fréquentes coupures d’approvisionnement électrique dues à l’insuffisance des installations.

Relations internationales

En décembre 1990, le ministre sud-africain des Affaires étrangères Pik Botha se rend en visite au Kenya. Cette rencontre constitue le premier contact diplomatique officiel entre les 2 pays depuis 40 ans.

Les 11 et 12 septembre 1991, le secrétaire au Foreign Office, Douglas Hurd, en visite au Kenya, rappelle l’engagement de son pays de rester «ami» avec son ancienne colonie et d’encourager le gouvernement kenyan à faire des réformes démocratiques.

Le 10 juillet 1992, la France, seule parmi les puissances occidentales, rétablit son aide au Kenya.

Le 24 mars 1994, les 2 chefs de clans rivaux somaliens Mohamed Farah Aïdid et Ali Mahdi Mohamed signent à Nairobi un accord de paix.

En mars 1996 est installé, à Arusha, en Tanzanie, le secrétariat de la Commission tripartite pour la coopération est-africaine (Kenya, Ouganda, Tanzanie) qui doit, à terme, mettre en place un grand marché régional.

Encyclopédie Universelle. 2012.